LES CHAÎNONS BRIANÇONNAIS ET SUBBRIANÇONNAIS DE LA RIVE GAUCHE DE LA STURA ENTRE BERSEZIO ET LE VAL DE L'ARMA (PROVINCE DE CUNEO, ITALIE).
par Maurice GIDON, Laboratoire de Géologie de l'Université
de Grenoble. (Laboratoire de Géologie alpine associé
au C.N.R.S.).
Conclusions :
...........
B/ Données de terrains relatives à l'origine de
l'arc des Alpes occidentales.
L'idée que l'arc des Alpes occidentales est une disposition
secondairement acquise a obtenu ces dernières années
la faveur de nombreux auteurs. Certains n'hésitent pas
à supposer l'existence d'importants décrochements
sénestres, expliquant le décalage (vers l'W) du
Briançonnais sensu stricto par rapport au Briançonnais
ligure [16] et empruntant sensiblement comme tracé celui
de l'allongement du domaine étudié ici.
Il est certain que la torsion progressive des structures (évoquée
ci-dessus) et leur biseautage longitudinal « en sifflet
» du NW vers le SE ( qui contribue au rétrécissement
des affleurements de la zone briançonnaise - subbriançonnaise)
peuvent apparaître comme les effets de l'étirement
d'un crochon dans un tel mouvement sénestre. Toutefois
il faut bien souligner qu'aucun accident sénestre de direction
NW-SE n'a été mis en évidence. Au contraire,
toutes les indications de terrain portent à attribuer un
sens dextre aux accidents de telle orientation, quelle que soit
la phase à laquelle ils se rattachent : en fait il est
plus probable qu'il y a effectivement eu une torsion secondaire
de l'Arc, mais qu'elle a été obtenue par le seul
pivotement des lignes tectoniques ( accompagné d'un serrage
E-W qui aurait créé l'essentiel des plis longitudinaux
actuels et des chevauchements vers l'W), mais sans formation d'accidents
cassants nouveaux. Il est difficile de dire, là encore,
si ce sont des structures rétrodéversées
de la phase 6 ou celles, déversées vers l'W, de
la phase 8 (ou encore l'une et l'autre, à des étapes
successives) qui résultent de cet effet de torsion vers
1'W. De toute façon ce sont des déformations relativement
tardives : par comparaison avec les étapes de déformation
dans les zones externes (environs de Grenoble [2, 9], Dévoluy
[l0-ll], arc de Castellane [12], etc.), j'ai tendance à
croire que le même déplacement vers l'W (responsable
de la torsion) serait également responsable dans ces régions
des déformations miopliocènes (les plus tardives
également) qui se traduisent principalement par les chevauchements
des « Écailles de Digne ».
A vrai dire on peut se demander si les mouvements tectoniques
enregistrés antérieurement dans notre secteur n'indiquent
pas l'influence prédominante d'un déplacement dextre
des zones internes par rapport aux zones externes, dans le cadre
d'un serrage N-S : c'est en effet ce que semblent traduire les
déformations des phases 7, 6, 5 et 4 ; il n'est pas jusqu'aux
mouvements de la phase 3 qui, pour être de sens différent,
pourraient avoir eu une direction méridienne analogue :
en effet, le festonnement en nappes qui se recouvrent les unes
les autres, d'une extrémité à l'autre de
la bande actuelle d'affleurement des zones briançonnaises
et subbriançonnaises, ne trouve pas une explication suffisante
dans les effets combinés de l'érosion et du plongement
axial ; aucune transversale ne montre la succession complète
des unités inventoriables ; par contre chaque unité
calcaire passe, du S vers le N, d'une position élevée
à une position inférieure dans l'édifice
visible, avant de disparaître, comme laminée entre
les unités plus élevées qu'elle et leur soubassement
siliceux : en d'autres termes cette disposition semble traduire
une imbrication d'unités les unes sur les autres par un
chevauchement du N vers le S. Cette conclusion n'est pas contradictoire
avec l'orientation des plis observables, étant donné
qu'ils semblent soit antérieurs, soit postérieurs
au charriage (en outre on notera, en ce qui concerne les plis
anciens des unités subbriançonnaises, que si un
pivotement sénestre de la région est réellement
intervenu depuis leur formation, ils devaient être initialement
déversés vers le NW ou même vers le N [suivant
l'ampleur du pivotement]). Elle suppose l'intervention de mouvements
(principalement post-priaboniens) dont la direction, sensiblement
N-S, serait en accord avec le déplacement précoce,
du S vers le N, des zones internes par rapport aux zones externes
qui a été suggéré pour la première
fois par J . GOGUEL [ l 3 ] .
Cette mise en place des nappes briançonnaises par chevauchement
du N vers le S ne constitue toutefois qu'une hypothèse
; mais elle méritera d'être examinée à
la lumière des autres faits significatifs qui pourront
être recueillis à ce sujet dans l'ensemble de la
zone briançonnaise.
En définitive il s'avère, ici encore, que les données
structurales paraissent s'accorder assez bien avec la notion d'un
changement des directions de serrage et de déplacements
; celles-ci, sensiblement N-S au Crétacé supérieur
et au Paléogène, seraient devenues E-W à
une époque plus tardive (et de cette interférence
de directions aurait résulté la torsion de l'Arc
des Alpes occidentales).
FIGURES
Fig. 2.-Comparaison des séries stratigraphiques.
Fig. 3.-Schéma de situation des coupes
Fig. 4.-Coupes sériées au travers des secteurs de l'Oserot et de Bandia.
Fig. 5.-Coupes sériées au travers du secteur de Viridio.
Fig. 6.-Évolution structurale schématique des
environs du Monte Oserot.
Fig. 7.-Le versant SW du Monte Giordano
Fig. 8.-Le versant SE du Monte Giordano, vu de la Cima del Gias.
Fig. 9.-Les plis du versant N du Monte Giordano, vus du col Giordano-Bodoira.
Fig. 10.-Carte structurale de l'unité du Giordano (secteur
de Bandia), d'après les levés de l'auteur.
Fig. 11.-Coupes schématiques des chaînons de Viridio
destinées à interpréter la formation de la
structure actuelle.
Fig. 12.-Panorama des chaînons occidentaux de la rive gauche de la Stura, entre Monte Oserot et Monte Bodoira, pris de la Cime du Fer (2700) sur la crête frontière franco-italienne du massif de l'Argentera.
Fig. 13.-Tectonogramme schématique des unités subbriançonnaises, dans leurs rapports avec l'autochtone.
Fig. 14.-Tectonogramme schématique des unités
briançonnaises.