Géologie alpine, 1995, t.71, p. 175-192.
Tectonique et origine de la cluse de Grenoble

 

Maurice GIDON

Rue des Edelweiss ; 38500 VOIRON

Résumé :

Les principaux traits structuraux des deux rives de la cluse sont analysés pour rechercher les indices d'éventuels accidents empruntant la vallée. Ces données structurales montrent qu'en aval de la transversale Saint-Égrève - Sassenage (c'est-à-dire sur la plus grande partie de son tracé) aucune faille ou ensellement des plis ne peut être invoqué pour y expliquer l'implantation de la vallée. L'ébauche d'ensellement qui se manifeste aux alentours de cette dernière transversale ne peut expliquer l'implantation de la cluse car elle est insuffisamment marquée et orientée NE-SW, c'est-à-dire de façon très oblique. L'hypothèse du rôle directeur d'un accident tectonique n'est envisageable que pour la partie tout-à-fait amont de la cluse, où l'absence de prolongement direct des structures d'une rive à l'autre s'explique sans doute par l'intervention d'une faille de déchirure, désolidarisant lors de leur chevauchement les deux tronçons du même ensemble structural que sont la Chartreuse orientale et le chaînon du Moucherotte. Un accident tectonique a donc pu être à l'origine de l'amorçage, par l'amont, du creusement de la cluse ; mais il est certainement injustifié de qualifier celle-ci, à proprement parler, de vallée structurale puisque l'essentiel de son cours ne suit aucun accident. Elle est plus probablement épigénique, dérivant au début de son creusement d'écoulements orientés selon la plus grande pente de la chaîne alpine, puis sans doute déviée dans le sens horaire (comme la plupart des autres cluses subalpine) par la composante dextre des déformations les plus tardives des massifs subalpins.

 

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Table des matières :

 

A/ Introduction

B/ Rapports géométriques entre les deux rives

1) Géométrie des surfaces stratigraphiques

2) Géométrie des plis subméridiens.

a) anticlinal du Ratz

b) synclinal de Voreppe

c) anticlinal des Égaux

d) synclinal de Villard-de-Lans

e) Anticlinal de Sassenage

f) Synclinal de Proveysieux

g) Synclinal du Néron

h) Anticlinal de l'Écoutoux

3) Géométrie des surfaces de failles

a) Chevauchement de Voreppe

b) Chevauchement de Sassenage et faille de Mont-Saint-Martin

c) Chevauchement de la Chartreuse orientale

C/ Les hypothèses structurales

1) L'hypothèse d'une faille de la cluse de l'Isère

a) Données tirées de la comparaison des deux rives

b) Données tirées des observations locales sur les rives

2) L'hypothèse d'un ensellement transaxial des plis N-S

a) Bilan des observations

b) Conclusion sur la question des plis transaxiaux

D/ Conclusions

a) Absence de déterminisme tectonique de l'orientation de son tracé

b) Faible probabilité d'un déterminisme tectonique de son implantation

c) Une cluse purement épigénique ?


Figures :

Fig. 1 - Le cadre structural de la cluse de l'Isère, en aval de Grenoble.

Fig. 2 - Deux coupes des rives de la cluse de l'Isère en aval de Grenoble

Fig. 3 - Tectonogramme théorique montrant la différence entre « V topographique » et pli transsynclinal.

Fig. 4 - Géométrie des strates.

Fig. 5 - Géométrie de quelques surfaces tectoniques remarquables.

Fig. 6 - Deux coupes au travers de la basse vallée du Furon

Fig. 7 - Schéma illustrant la surimposition d'un cours épigénique, à partir d'un tracé déterminé par la direction de la plus grande pente sur le flanc de la chaîne.