Miribel, gorges de Chailles, Saint-Franc


Entre Miribel et Saint-Franc la partie septentrionale du chaînon du Ratz est coupée transversalement par le Guiers. La gorge de Chailles, qui en résulte, est une cluse* typique, qui n'a bénéficié pour son creusement d'aucun accident tectonique susceptible d'aider le travail de la rivière.


version plus grande, muette, de cette image

Les gorges de Chailles (entrée amont)
vue du sud-est, depuis le village du Rajat (hameau de Lanfreyère)
La D38, qui mène à Saint-Franc traverse la surface de discordance* du Miocène à l'endroit où elle coupe en sifflet les couches les plus basales des calcaires urgoniens.
La retombée orientale des couches mésozoïques et leur enfoncement, à Chailles, sous la molasse miocène sont mal visibles en raison de la perspective raccourcissante.

Alors que sur les flancs du pli, tant du côté amont que du côté aval de la gorge, la molasse calcaire de la base du Miocène ("Burdigalien") repose sur les couches tout-à-fait inférieures de l'Urgonien, ces dernières ont été érodées à la voûte du pli avant la transgression (l'Hauterivien manque même localement à la charnière ouest du pli dans les pentes dominant Voissant).

Ces faits témoignent de l'existence, en tant que relief saillant, soumis à une arasion de sa vôute de ce pli avant le Miocène. Cette conclusion est en accord avec celle tirée, plus au sud dans le même chaînon, de l'étude des environs de Montaud et, plus au nord, de celle du secteur du Mont Tournier.


La charnière occidentale de l'anticlinal du Ratz

(au débouché aval de la gorge)

vue du sud, depuis le parking du "belvédère des Trois Évéchés", dans l'entaille de la route nationale 6.

Comme partout dans ce chaînon, la charnière se résume à un simple basculement des couches, dont le pendage reste ensuite à peu près constant sur toute la hauteur du flanc ouest du pli (elles ne s'enroulent pas plus et ne montrent aucune tendance au renversement).
Cette forme est également la même que celle de la charnière que l'on observe le long de la faille du Mont Beauvoir, à l'est des Échelles.


Au nord de la gorge, à la latitude de Saint-Franc le chaînon anticlinal du Ratz ne se manifeste plus que par un système de double cuesta, qui se poursuit, sans changer d'orientation, jusqu'au Gué des Planches, où elle s'effacent en s'enfonçant sous la molasse miocène au nord du lit du Tier (ldéversoir du lac d'Aiguebelette) :
- du côté est cuesta molle, formée d'une ligne de collines garnies de bosquets, en bordure est d'une combe monoclinale de prairies, correspondant aux couches basales de la molasse miocène (calcaires gréseux du Burdigalien) ;
- du côté ouest cuesta boisée délimitée à l'ouest par un abrupt de calcaires néocomiens, mis à nu le long de la charnière anticlinale occidentale du chaînon.

À cette latitude le chaînon du Ratz est en fait relayé, vers le nord, par celui du Mont Tournier. Mais cela se fait au prix d'un net changement d'azimut des charnières de pli et des failles, qui passent d'une orientation N-S à celle N30 du chaînon du Ratz (cette torsion azimutale de l'axe des plis s'inscrit dans le schéma plus général du raccord entre plis du Jura et plis subalpins).

Le raccord entre ces deux chaînons est masqué par la couverture végétale et se produit, entre La Bridoire et Saint-Franc, dans un secteur où affleure surtout la molasse miocène, ce qui ne permet pas de voir clairement comment s'effectue la connexion. Cependant il semble bien qu'il n'y a pas à proprement parler une torsion azimutale des accidents tectoniques et que les failles du chaînon du Mont Tournier se greffent latéralement, en biais, sur le flanc ouest de l'anticlinal du Ratz. La charnière anticlinale occidentale du chaînon du Ratz se fond, quant à elle, par amortissement dans le flanc oriental de l'anticlinal du Mont Tournier, au nord du lit du déversoir du lac d'Aiguebelette, et se perd, plus au nord, dans le synclinal de Novalaise.
Il semble donc que l'anticlinal du Ratz ne prolonge pas à proprement parler par celui du Mont Tournier mais que ces deux plis se relaient, l'un résultant sans doute comme l'autre de la déformation post-Miocène d'un système de blocs N-S délimités par des failles extensives anté-Miocènes.

Au sud de la gorge du Guiers, à la latitude de Miribel le chaînon anticlinal du Ratz montre le même système de double cuesta, qui se poursuit jusqu'aux gorges du Crossey. Toutefois la succession des couches se complète vers le haut par l'Urgonien et (paradoxalement) la cuesta occidentale, que forme celui-ci, est absolument émoussée, sans falaise notamment aux abords du col des Mille-Martyrs : celles-ci ne réapparaissent, de façon d'ailleurs discrète, qu'à Saint-Aupre. Le village de Miribel est situé au flanc ouest de la combe monoclinale intermédiaire, sur la salle structurale de l'Urgonien, à l'emplacement même où celle-ci s'enfonce sous la molasse calcaire du Burdigalien.

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cartes géologiques au 1/50.000° à consulter : feuille Voiron

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