Sassenage |
La localité de Sassenage, qui appartient à la banlieue ouest de Grenoble, est située en bordure même de la trouée de l'Isère. Elle est dominée par une imposante falaise où les couches dessinent un pli spectaculaire dont l'image a été diffusée par bien des manuels (y compris dans ceux de l'enseignement secondaire). Contrairement à ce qui a souvent été écrit ce pli n'est pas un véritable pli-faille*, car le chevauchement* qui affecte son flanc ouest ne s'accompagne d'aucun étirement des couches, qui sont au contraire tranchées net, presque orthogonalement (ce chevauchement est donc probablement indépentant de la formation du pli).
Les couches du Sénonien qui affleurent sous le chevauchement y dessinent une inflexion synclinale, le synclinal de Sassenage. C'est dans ces couches, à peu près à la charnière du pli, que s'ouvrent les grottes de "Cuves de Sassenage" par lesquelles ressortent beaucoup des eaux infiltrés dans les fissures et gouffres du karst urgonien, sur le plateau de Sornin : il est clair que ce mouvement des couches joue le rôle d'une véritable gouttière collectrice pour ces eaux.
Le synclinal de Sassenage semble représenter un crochon*
du chevauchement. En fait ce pli pourrait bien être postérieur
au jeu de la faille.
C'est ce que semble montrer l'étude, sur la rive opposée
de l'Isère (en Chartreuse occidentale), du chevauchement
de Mont-Saint-Martin, qui représente le prolongement du
chevauchement de Sassenage : en effet, au Pas
de l'Ane et surtout dans les gorges
de la Roize, le miroir de cette cassure s'avère être
formé de tronçons subverticaux connectés
en escalier par des tronçons subhorizontaux qui correspondent
à des surfaces de glissement couches sur couches. Cela
suggère qu'il s'agit d'une cassure qui était originellement
subverticale mais qui a ultérieurement été
déformée par le cisaillement vers l'ouest de la
pile des couches qui a été associé au plissement.
C'est également l'hypothèse à laquelle porte
l'analyse de la structure de la rive droite des gorges du Furon
en aval d'Engins : celle-ci montre que le Sénonien chevauchant
n'est pas tordu en crochon anticlinal mais semble plutôt
ployé par le synclinal de Sassenage (voir le schéma plus détaillé
de ce dispositif et de son interprétation ; Pour plus de détails se reporter à
la publication
n°175).
Le synclinal de Sassenage représente le bord oriental du grand sillon synclinal de Villard-de-Lans, dont l'autre bord est constitué par les pentes de la Dent du Loup, en rive gauche de la vallée du Furon. La coupe naturelle de la trouée de l'Isère fait parfaitement voir le dessin, à faible pendage vers l'est, mais presque plat, du fond de cette gouttière synclinale de Villard-de-Lans. Le raccord entre ce fond plat et l'anticlinal de Sornin s'effectue par l'intermédiaire d'un panneau à fort pendage qu'encadrent deux flexures monoclinales*, celle des Engenières (symétrique du synclinal de Sassenage) et celle de Noyarey : cette forme de pli, plutôt anguleuse qu'arrondie, est caractéristique des plis coffrés (ce qui rapproche clairement le style tectonique du Vercors de celui du Jura).
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