Chirens


Chirens occupe l'ombilic* d'une vallée creusée par une langue du glacier rhodanien, qui descendait le Val d'Ainan du NE vers le SW, c'est-à-dire à contresens de son drainage actuel.

La vallée supérieure de la Fure ; version plus grande, muette, de cette image
Vue d'avion, depuis le sud, par dessus la crête de la montagne du Bois de Bavonne
De ce point de vue on voit d'un seul regard l'emplacement des deux langues glaciaires rhodaniennes du maximum de Würm (Charavines et Chirens), dont les eaux de fonte se réunissaient pour édifier les terrasses de La Fure (plateau d'Apprieu - Plan Bois).
La vallée morte du Gayet (voir ci-après) alimentant la Fure depuis Cirens et Saint-Étienne de Crossey est masquée par le Bois de Bavonne, dont elle suit le pied nord.

Un vallum* spectaculaire ferme cet ombilic du côté sud-ouest (Clermont, La Garangère).


version plus grande, muette, de cette image

La partie occidentale du vallum qui encercle l'ombilic de Chirens

vue du sud, depuis la crête de la moraine de Garangère
Le glacier occupait le val d'Ainan et ses eaux de fonte s'evacuaient en direction du sud par les chenaux qui bordent ses moraines du côté opposé à la glace.

Ce vallum a toutefois été tranché, du côté sud, par les écoulements provenant du lac du Crossey (au stade 2). Ceux-ci, joints aux eaux de fonte de la langue de l'Ainan (qui s'y écoulèrent aussi au stade 3), ont creusé en rive gauche, contre la montagne de Bavonne, une belle vallée morte qui court depuis le hameau du Gayet jusqu'à Bonpertuis, où ses eaux se jetaient dans celles de la Fure.


figure agrandissable

Carte de la région située au nord-est de Voiron au Quaternaire récent

Les numéros indiquent les épisodes de retrait du front de la langue glaciaire iséroise qui occupait la dépression de Voiron.
À l'angle nord-ouest de la carte est représenté le vallum de Chirens, à l'extrémité méridionale de la langue de glacier rhodanienne de l'Ainan (voir la carte d'ensemble de la région voironnaise)

Dans la zone "surcreusée" de l'ombilic de Chirens, entre le chef-lieu et L'Arsenal, a longtemps subsisté un lac qui s'est progressivement comblé d'alluvions et de tourbe.

texte (dû à l'auteur du site) paru dans le quotidien "Dauphiné Libéré" en 1962 :

Le marais de Chirens

Le milieu acide des tourbières est particulièrement favorable à la conservation des pollens et des spores qui viennent s'y abattre après transport par le vent L'étude de ces restes fossiles. récoltés aux différents niveaux du sous-sol de la tourbière de Chirens a été réalisée en 1952, dans le cadre d'une étude portant sur l'ensemble des Alpes françaises, par Jeanne Becker. Les résultats exposés par cet auteur permettent de retracer l'histoire de la végétation au cours des 14 000 dernières années.
De 12.000 à 10.000 ans avant J C., c'est-à-dire dans la période qui suivit le retrait des glaciers apportés par la dernière grande glaciation (dite " de Würm "), le sol était recouvert de prairies à graminées, armoises, hélianthèmes, épinards sauvages, illets et saponaires (steppes). Le travail de creusement des glaciers avait conduit a la formation, entre Chirens et le lieu-dit l'Arsenal, d'une zone basse où les eaux se rassemblaient pour donner un lac de 2 km. de long sur 500 m. de large. Dans ce lac vinrent alors s'accumuler des vases provenant du lessivage des dépôts argileux laisses par les glaciers: ces vases ont été rencontrées à la profondeur de 7,6 mètres et plus.
De 10.000 à 6.500 avant J. C. on assiste à l'envahissement de l'ancienne steppe par une forêt de bouleaux ou de pins. A la même époque, l'activité des êtres vivants peuplant les eaux du lac (moules d'eau douce, limnées, animaux et plantes microscopiques, notamment algues du groupe des Desmidiées) aboutit à la formation de dépôts calcaires crayeux qui se rencontrent maintenant entre 7,6 et 2,7 m. de profondeur.
Au début, domina le bouleau puis ce fut le tour du pin sylvestre; cependant de 9 000 à 8.500 avant J .C. la forêt dût régresser quelque peu, au profit des prairies, par suite d'un abaissement de la température.
A partir de 6 500 avant J C s'installent coudriers et chênes suivis par les ormes, tandis que le climat redevient plus doux (" type atlantique ") : le pin disparaît d'abord en grande partie et, après I'installation des ormes, ceux-ci sont bientôt supplantés par les chênes et les coudriers. Enfin ces derniers disparaîtront assez vite, vers 3.000 avant J. C. pour faire surtout place à la multiplication des tilleuls et aussi des sapins.
Dès 5.000 avant J. C. le lac, qui s'était progressivement comblé par les dépôts crayeux et qui avait d'abord été colonisé sur ses rives par des herbes de marécages (Carex, Linaigrette) sera envahi par les mousses de tourbières Les cadavres de celles-ci forment maintenant la tourbe qui a été rencontrée par le sondage sur 2.7 m de profondeur. On doit noter, également, à cette époque, l'apparition des fougères, qui, ne disparaîtront plus à l'avenir
Entre 2.500 et 600 avant J. C vont se développer des forêts de hêtres et de sapins. Chêne, peuplier, bouleau et épicéa restent peu nombreux à cette époque.
Enfin, de 500 avant J C à nos jours, époque du comblement définitif du lac, on observe une "diversification" des forêts, par suite des activités humaines : déboisements et, par suite, développement du coudrier et des plantes de prairies; introduction du noyer et développement des chênaies. L'épicéa, si prédominant de nos jours au-dessus de 800 m. ne réussit pas à prendre le pas ici sur les autres essences ; les fougères continuent a laisser partir au vent une grande abondance de spores, qui se retrouvent dans la tourbe.
L'auteur de cette étude, qui a pu distinguer, dans toutes les Alpes, 7 phases (brièvement évoqués ci-dessus) pour l'évolution du peuplement végétal, met en vedette les résultats obtenus au cours du sondage pratiqué dans la tourbière de Chirens en soulignant que c'est là qu'ont été obtenus les renseignements les plus complets sur le déroulement de cette histoire paléobotanique.



cartes géologiques au 1/50.000° à consulter : feuille "Voiron"
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