Saint-Étienne-de-Crossey
Le village de Saint-Étienne-de-Crossey
est installé au coeur d'une dépression à
fond plat ouverte entre la Montagne de Ratz à l'est et
les collines de Vouise-Tolvon et des Bernades- Grand Vivier à
l'ouest. Elles est en quelque sorte "suspendue" au dessus
de la plaine de l'Isère et de la dépression de Voiron,
dont elle est séparée par un rebord (que la route
D520 franchit au petit col de Croix-Bayard) qui est constitué
par la moraine du 3° stade du retrait würmien.
version plus grande, muette, de cette image
La dépression suspendue de Saint-Étienne-de-Crossey
vue du nord, depuis le hameau des Chambures (Grand
Vivier)
En fait la planéité du fond de
cette dépression vient de ce qu'il est en grande partie
constitué par une terrasse alluviale, qu'entaille d'une
part la vallée morte de l'Étang Dauphin, en contrebas
sud-est du village et d'autre part la Morge, en aval de ce dernier,
du côté ouest.
Ces entailles montrent que les alluvions de cette terrasse sont
bien fluviatiles, car surtout constituées de sables et
cailloutis pratiquement dépourvus d'argile (ce qui indique
qu'ils ont été bien lavés lors de leur transport
par un cours d'eau turbulent).
Le village lui-même était dominé par une autre
terrasse, que l'exploitation, pour l'extraction de gravier, a
reduit dans d'énormes proportions et qui aura disparu dans
quelques années
version plus grande, muette, de cette image
La dépression de Saint-Étienne-de-Crossey
vue de l'ouest, depuis le hameau du Paris, c'est-à-dire
d'une altitude correspondant au niveau de l'eau du lac lors de
l'épisode 2 du retrait des glaciers (c'est à cette
époque que s'est formé le delta le plus élevé).
On distingue les deux terrasses étagées et le débouché
des gorges du Crossey.
En
fait la disposition des strates de ces deux terrasses montre qu'il
s'agit de dépôts deltaïques. Ces deltas se sont
formés dans un lac qui occupait, voici 10 à 20.000
ans, la dépression de Saint-Étienne-de-Crossey.
Les deltas supérieurs correspondent au barrage de la vallée
de la Morge par la moraine M2, dont un lambeau seulement subsiste
dans la plaine, au sud-ouest du village (butte du Crest). Les
eaux de la Morge mélées à celles provenant
de la langue glaciaire iséroise et à celle de la
langue rhodanienne de Saint-Laurent-du-Pont (qui arrivaient par
les gorges du Crossey) s'échappaient par le nord-ouest,
par dessus le seuil de Saint-Nicolas-de-Macherin : c'est l'altitude
de ce seuil (501 m actuellement) qui contrôlait le niveau
de l'eau et celui de la surface de colmatage du delta (qui est
effectivement de 500 m, à Saint-Étienne-de-Crossey
comme au Paris).
Le delta inférieur s'est formé au stade 3 (la vallée
de la Morge était barrée par la moraine M3 de Croix
Bayard) Son niveau (450 m) est celui de la crête de moraine
de part et d'autre de la brèche de Croix Bayard, par laquelle
arrivaient dans le lac les eaux de fonte du glacier isérois.
figure agrandissable
Carte de la région située au nord-est
de Voiron au Quaternaire récent
Les numéros indiquent les épisodes de
retrait du front de la langue glaciaire iséroise qui occupait
la dépression de Voiron. À l'angle nord-ouest de
la carte est représentée l'extrémité
méridionale de la langue de glacier rhodanienne de l'Ainan
(voir la carte d'ensemble de la région voironnaise)
L'épisode de retrait 3 se subdivise assez visiblement en
deux sous-stades, chacun avec sa crête morainique (M3'
et M3"). Durant les épisodes de retrait 3 les
eaux de la Morge s'échappent en passant à flanc
des buttes de Tolvon et de Vouise, où elles s'enfoncent
en créant les gorges (qui se sont encaissées plus
profondément par la suite), pour aller alimenter le lac
de la dépression des Blanchisseries, au nord de Voiron.
L'emplacement du cours du torrent qui amenait
dans le lac les matériaux du delta est clairement indiqué
par le fait que l'arc que décrit le rebord occidental de
ce delta est centré sur le débouché ouest
des gorges du Crossey (voir la carte) : ce torrent sortait donc
de ces gorges. Pourtant elles constituent actuellement un splendide
exemple de vallée morte (c'est-à-dire totalement
démunie de cours d'eau), et se raccordent, du côté
oriental (amont) à la plaine alluviale de Saint-Joseph-de-Rivière,
où ne coule qu'un ruisselet qui ne saurait les avoir creusé,
même s'il les avait empruntées.
Par contre, à l'époque où s'est rempli le
lac de Saint-Étienne-de-Crossey, deux langues de glacier
(rhodanienne au nord et iséroise au sud) débouchaient
dans la dépression de Saint-Joseph-de-Rivière, sans
s'y rejoindre (c'est ce qu'indique sans ambiguité le tracé
des restes de moraines de ces langues glaciaires). Dès
lors on concoit sans peine que le débit des eaux de fonte
émises par ces langues glaciaires ait pu être suffisant
pour rendre le torrent qu'elles alimentaient capable de creuser
les gorges du Crossey.
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Schéma cartographique de la morphologie quaternaire
de la Montagne de Ratz et de ses alentours
figure agrandissable
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Plus de détails
au sujet des gorges du Crossey
Plus de détails au sujet des carrières
de St Étienne-de-Crossey
Analyse détaillée du quaternaire
des environs de Voiron
Documents sur le quaternaire du Bas Dauphiné
Pour en savoir plus sur les dépôts morainiques
et fluviatiles des environs de Voiron et du seuil de Rives, voir
la publication
n° 163
cartes
géologiques au 1/50.000° à consulter : feuille
"Voiron"
Aller plus à l'ouest ? : Voiron
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