Les dépôts quaternaires occupent de grandes surfaces dans le Bas Dauphiné car ils tapissent la plupart des dépressions et y coiffent souvent certains reliefs. La plupart de ceux de ces dépôts qui ont une épaisseur importante (plus de quelques mètres) se sont accumulés lors des glaciations les plus récentes (dites "de Würm" et "de Riss"), alors que les vallées les plus proches des chaînons subalpins étaient envahies par des langues glaciaires.
Ces dépôts se reconnaissent en premier lieu par leurs caractéristiques sédimentologiques, mais celles-ci ne sont observables que si l'on dispose de coupes (naturelles ou artificielles). Un oeil exercé parvient cependant assez bien, à partir de telles observations dispersées, à reconnaître l'extension des divers types de dépôt par les formes de relief qui les caractérisent.
Il s'agit de celles qui ont été essentiellement créées par la fonte de la glace et pour la formation desquelles les eaux courantes n'ont eu qu'un rôle subordonné.
Crêtes de moraines :
Elles sont souvent très fraîches d'aspect. La hauteur
de la crête est de l'ordre de 10 m à 20 m au maximum
du côté externe. La dénivellation du côté
interne, en général plus forte, est très
variable : elle est fonction de l'importance et de la vitesse
du retrait qui a suivi le stationnement.
Banquettes de retrait glaciaire :
Ces banquettes révèlent une nature de matériaux
qui varie du fluvio-glaciaire au glaciaire franc.
Elles tapissent la partie interne des amphithéâtres
morainiques et correspondent à un épisode de recul
relativement régulier du glacier. Toutefois ce mouvement
n'a pas été nécessairement d'une parfaite
progressivité. De fait des ressauts en escalier y sont
communs : ils peuvent traduire soit des accélérations
du retrait après une pause soit une entaille par des eaux
de fonte, ce qui suppose un épisode de bref stationnement
(cette dernière origine est démontrée en
plusieurs points). Elles ont une inclinaison perpendiculaire au
front glaciaire (dans le cas du glacier isérois : vers
le sud) dont la pente varie de 10/1000 à 40/1000 et plus,
selon la pente du bedrock sur lequel s'appuie le front glaciaire.
Sont désignées ainsi les formes dans la construction desquelles le rôle des cours d'eaux est prédominant.
- Terrasses fluviatiles construites :
Elles représentent l'essentiel de ce qui avait été
rangé antérieurement sous le nom de "surfaces
marginales" (GIDON, et al., 1968a). Elles sont dues à
l'épandage des matériaux par les eaux de fonte,
en bordure externe des moraines, lors des épisodes de stationnement
du front glaciaire (elles sont donc à proprement parler
"stadiaires"). Leur surface se caractérise par
un excellent aplanissement et une pente parallèle à
celle de la marge glaciaire, donc des crêtes morainiques.
Celle-ci varie de 5/1000 à 10/1000 selon la proximité
de la source des écoulements (qui est en général
une brèche de la crête morainique). En coupe elles
présentent souvent des caractéristiques deltaïques.
On les trouve :
1 - immédiatement en marge externe des moraines, avec lesquelles
il y a raccord progressif des pentes. Le plus bel exemple est
celui de la terrasse de Petit
Voye (entre La
Murette et Apprieu)
2 - isolées à flanc de pente et ne se raccordant
avec aucune moraine : c'est ce qui se passe en cas d'érosion
ultérieure de la moraine ou dans les vallées latérales
où l'obturation par la glace avait créé un
lac, par exemple dans la cuvette
de Voiron. En ce cas et sont plus franchement deltaïques
(comme on le voyait bien à Saint-Etienne-de-Crossey
avant que l'exploitation ait pratiquement tout détruit
de l'ancien delta).
- Terrasses d'ablation fluviatile :
Les dépôts abandonnés dans les rives convexes
de méandres sont retravaillées par la divagation
des eaux à l'occasion des baisses de niveau de base des
effluents glaciaires. De ce fait ils prennent aussi une surface
aplanie, bien que celle-ci résulte d'une ablation. Toutefois
cette surface est beaucoup moins plane que celle des véritables
terrasses, à tel titre que l'on y voit souvent se dessiner
des ressauts dont la courbure est concentrique avec celle des
rebords de terrasses qui les dominent. D'autre part la couche
alluviale fluviatile y est souvent mince (1 à 2 m), recouvrant
une surface entaillée dans un matériau variable,
bedrock (nombreux cas) ou matériel morainique (terrasse
des Brosses d'Apprieu).
Ces "terrasses de retrait" ont cependant, comme les
terrasses construites, une inclinaison générale
selon l'écoulement des eaux, donc parallèle à
la marge glaciaire (dans le cas du glacier isérois : vers
l'ouest), ce qui les distingue des banquettes glaciaires.
La distinction entre les deux sortes de terrasses fluviatiles
reste, dans divers cas, difficile ; elle est souvent plus étayée
par les coordinations chronologiques que par la pure analyse morphologique.
- Vallées mortes :
Il s'agit de vallées dont le calibre témoigne du
passage d'un cours d'eau important, alors qu'il n'y circule actuellement
que de minuscules ruisseaux, voire aucun cours d'eau. Il faut
en distinguer plusieurs sortes selon leur orientation par rapport
aux lignes de crêtes morainiques :
1 - Les chenaux marginaux :
Les vallées mortes de ce type, les plus nombreuses, ont
un tracé grossièrement parallèle à
celui des moraines. Cela indique bien que ces chenaux se sont
creusés en contournant le front glaciaire et sont dûs
à l'évacuation d'eaux de fonte.
En fait ils se sont formés de deux façons. Certains
résultent de ce que les eaux ont suivi exactement la marge
des moraines parce que ces dernières étaient serrées
contre la pente ; ils sont alors garnis d'un fond alluvionnaire
contemporain de l'accumulation morainique et méritent la
notation "s", comme les terrasses construites (voir les principes de notation).
D'autres se sont creusés, souvent plus à l'extérieur
de la marge morainique, d'abord par entaille dans les terrasses
stadiaires, à partir d'effluents s'échappant d'une
brèche maintenue ouverte dans une crête morainique,
lors des étapes de retrait ayant suivi sa construction
: ils méritent alors la notation "r", comme les
terrasses d'ablation.
Les collines des abords
occidentaux de la ville de Voiron montrent une très
belle série de telles vallées mortes parallèles,
étagées du sud au nord (des plus récentes
aux plus anciennes).
2 - Les chenaux radiaux.
Ils se caractérisent par leur disposition à peu
près perpendiculaire au front du glacier, orientation qu'ils
gardent sur une distance d'ordre kilométrique, avant de
rejoindre un chenal marginal, du côté externe de
la ligne de moraine.
Ce dispositif, surtout illustré, dans le Voironnais, aux
environs de Charnècles,
est lié à une dénivellation médiocre
entre les lignes morainiques successives, de sorte que les eaux
qui s'échappent des brèches de la moraine peuvent
facilement réutiliser le trajet qu'elles empruntaient déjà
au stade précédent (alors qu'elles ne peuvent pas
s'en frayer un nouveau entre les crêtes morainiques des
deux stades, parce que ceux-ci ne sont pas séparées
par une dépression marginale suffisamment profonde et continue).
Ils étaient considérés comme l'une des caractéristiques
de la surface marginale mais résultent en fait plutôt
de circonstances locales particulières.
3 - Les méandres fluviatiles suspendus
Ce sont d'anciens lits de cours d'eau, formant un sillon allongé
au pied d'un rebord d'érosion et en marge d'une terrasse
d'ablation. Ils ont été abandonnés par le
creusement d'un lit plus récent dont le tracé n'est
souvent pas parallèle et vient donc les recouper (cela
résulte du phénomène de migration des méandres).
Ils sont surtout représentés, dans le Voironnais,
sur les terrasses de retrait de La
Fure.
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