Aperçu global sur le Quaternaire du Bas Dauphiné


Les dépôts quaternaires occupent de grandes surfaces dans le Bas Dauphiné car ils tapissent la plupart des dépressions et y coiffent souvent certains reliefs. La plupart de ceux de ces dépôts qui ont une épaisseur importante (plus de quelques mètres) se sont accumulés lors des glaciations les plus récentes (dites "de Würm" et "de Riss"), alors que les vallées les plus proches des chaînons subalpins étaient envahies par des langues glaciaires.


figure agrandissable ; version plus grande de cette image

Extension des glaces autour du massif de la Chartreuse, au maximum d'extension de la dernière glaciation



figure agrandissable

Extension des langues terminales des glaciers alpins dans le Voironnais (étapes successives du retrait)

A l'époque würmienne les vallées du Voironnais sont envahies par les langues terminales de deux glaciers alpins, celui de l'Isère (au sud) qui débouche de la cluse de l'Isère et celui du Rhône (au nord) qui se partage en plusieurs langues : langue de la Bourbre, langue de la Fure (F), langue de l'Ainan (A) et langue de l'Herbétan, passant sur Saint-Laurent-du-Pont (H).
1, 2, 3 sont les positions de la marge glaciaire aux étapes successives de stationnement qui se sont échelonnées lors du retrait (zones englacées en gris). L'extension maximale du glacier würmien (époque dite de Würm II) se trouvait un peu au delà de la ligne 1 (qui correspond à la première des oscillations dans le retrait du front glaciaire)

Ces dépôts se reconnaissent en premier lieu par leurs caractéristiques sédimentologiques, mais celles-ci ne sont observables que si l'on dispose de coupes (naturelles ou artificielles). Un oeil exercé parvient cependant assez bien, à partir de telles observations dispersées, à reconnaître l'extension des divers types de dépôt par les formes de relief qui les caractérisent.


Processus d'accumulation de dépôts en marge d'une langue glaciaire
(schémas particulièrement adaptés à la situation du seuil de Rives au Würm)
figure agrandissable


Familles de formes reconnaissables :

A/ Formes de marge glaciaire :

Il s'agit de celles qui ont été essentiellement créées par la fonte de la glace et pour la formation desquelles les eaux courantes n'ont eu qu'un rôle subordonné.

Crêtes de moraines :
Elles sont souvent très fraîches d'aspect. La hauteur de la crête est de l'ordre de 10 m à 20 m au maximum du côté externe. La dénivellation du côté interne, en général plus forte, est très variable : elle est fonction de l'importance et de la vitesse du retrait qui a suivi le stationnement.

Banquettes de retrait glaciaire :
Ces banquettes révèlent une nature de matériaux qui varie du fluvio-glaciaire au glaciaire franc.
Elles tapissent la partie interne des amphithéâtres morainiques et correspondent à un épisode de recul relativement régulier du glacier. Toutefois ce mouvement n'a pas été nécessairement d'une parfaite progressivité. De fait des ressauts en escalier y sont communs : ils peuvent traduire soit des accélérations du retrait après une pause soit une entaille par des eaux de fonte, ce qui suppose un épisode de bref stationnement (cette dernière origine est démontrée en plusieurs points). Elles ont une inclinaison perpendiculaire au front glaciaire (dans le cas du glacier isérois : vers le sud) dont la pente varie de 10/1000 à 40/1000 et plus, selon la pente du bedrock sur lequel s'appuie le front glaciaire.

B/ Formes fluviatiles périglaciaires :

Sont désignées ainsi les formes dans la construction desquelles le rôle des cours d'eaux est prédominant.

- Terrasses fluviatiles construites :
Elles représentent l'essentiel de ce qui avait été rangé antérieurement sous le nom de "surfaces marginales" (GIDON, et al., 1968a). Elles sont dues à l'épandage des matériaux par les eaux de fonte, en bordure externe des moraines, lors des épisodes de stationnement du front glaciaire (elles sont donc à proprement parler "stadiaires"). Leur surface se caractérise par un excellent aplanissement et une pente parallèle à celle de la marge glaciaire, donc des crêtes morainiques. Celle-ci varie de 5/1000 à 10/1000 selon la proximité de la source des écoulements (qui est en général une brèche de la crête morainique). En coupe elles présentent souvent des caractéristiques deltaïques. On les trouve :
1 - immédiatement en marge externe des moraines, avec lesquelles il y a raccord progressif des pentes. Le plus bel exemple est celui de la terrasse de Petit Voye (entre La Murette et Apprieu)
2 - isolées à flanc de pente et ne se raccordant avec aucune moraine : c'est ce qui se passe en cas d'érosion ultérieure de la moraine ou dans les vallées latérales où l'obturation par la glace avait créé un lac, par exemple dans la cuvette de Voiron. En ce cas et sont plus franchement deltaïques (comme on le voyait bien à Saint-Etienne-de-Crossey avant que l'exploitation ait pratiquement tout détruit de l'ancien delta).

- Terrasses d'ablation fluviatile :
Les dépôts abandonnés dans les rives convexes de méandres sont retravaillées par la divagation des eaux à l'occasion des baisses de niveau de base des effluents glaciaires. De ce fait ils prennent aussi une surface aplanie, bien que celle-ci résulte d'une ablation. Toutefois cette surface est beaucoup moins plane que celle des véritables terrasses, à tel titre que l'on y voit souvent se dessiner des ressauts dont la courbure est concentrique avec celle des rebords de terrasses qui les dominent. D'autre part la couche alluviale fluviatile y est souvent mince (1 à 2 m), recouvrant une surface entaillée dans un matériau variable, bedrock (nombreux cas) ou matériel morainique (terrasse des Brosses d'Apprieu).
Ces "terrasses de retrait" ont cependant, comme les terrasses construites, une inclinaison générale selon l'écoulement des eaux, donc parallèle à la marge glaciaire (dans le cas du glacier isérois : vers l'ouest), ce qui les distingue des banquettes glaciaires.
La distinction entre les deux sortes de terrasses fluviatiles reste, dans divers cas, difficile ; elle est souvent plus étayée par les coordinations chronologiques que par la pure analyse morphologique.

- Vallées mortes :
Il s'agit de vallées dont le calibre témoigne du passage d'un cours d'eau important, alors qu'il n'y circule actuellement que de minuscules ruisseaux, voire aucun cours d'eau. Il faut en distinguer plusieurs sortes selon leur orientation par rapport aux lignes de crêtes morainiques :
1 - Les chenaux marginaux :
Les vallées mortes de ce type, les plus nombreuses, ont un tracé grossièrement parallèle à celui des moraines. Cela indique bien que ces chenaux se sont creusés en contournant le front glaciaire et sont dûs à l'évacuation d'eaux de fonte.
En fait ils se sont formés de deux façons. Certains résultent de ce que les eaux ont suivi exactement la marge des moraines parce que ces dernières étaient serrées contre la pente ; ils sont alors garnis d'un fond alluvionnaire contemporain de l'accumulation morainique et méritent la notation "s", comme les terrasses construites (voir les principes de notation). D'autres se sont creusés, souvent plus à l'extérieur de la marge morainique, d'abord par entaille dans les terrasses stadiaires, à partir d'effluents s'échappant d'une brèche maintenue ouverte dans une crête morainique, lors des étapes de retrait ayant suivi sa construction : ils méritent alors la notation "r", comme les terrasses d'ablation.
Les collines des abords occidentaux de la ville de Voiron montrent une très belle série de telles vallées mortes parallèles, étagées du sud au nord (des plus récentes aux plus anciennes).
2 - Les chenaux radiaux.
Ils se caractérisent par leur disposition à peu près perpendiculaire au front du glacier, orientation qu'ils gardent sur une distance d'ordre kilométrique, avant de rejoindre un chenal marginal, du côté externe de la ligne de moraine.
Ce dispositif, surtout illustré, dans le Voironnais, aux environs de Charnècles, est lié à une dénivellation médiocre entre les lignes morainiques successives, de sorte que les eaux qui s'échappent des brèches de la moraine peuvent facilement réutiliser le trajet qu'elles empruntaient déjà au stade précédent (alors qu'elles ne peuvent pas s'en frayer un nouveau entre les crêtes morainiques des deux stades, parce que ceux-ci ne sont pas séparées par une dépression marginale suffisamment profonde et continue). Ils étaient considérés comme l'une des caractéristiques de la surface marginale mais résultent en fait plutôt de circonstances locales particulières.
3 - Les méandres fluviatiles suspendus
Ce sont d'anciens lits de cours d'eau, formant un sillon allongé au pied d'un rebord d'érosion et en marge d'une terrasse d'ablation. Ils ont été abandonnés par le creusement d'un lit plus récent dont le tracé n'est souvent pas parallèle et vient donc les recouper (cela résulte du phénomène de migration des méandres). Ils sont surtout représentés, dans le Voironnais, sur les terrasses de retrait de La Fure.

Schémas d'organisation des formes périglaciaires figure agrandissable
Les coupes ci-dessus sont des dessins schématiques, réalisés sans souci d'échelle (le glacier se situait à droite et son front s'appuyait, du côté gauche, sur le flanc des collines molassiques).
Elles représentent les 2 dispositifs fondamentaux de formes de relief périglaciaires, qui sont abondamment illustrés de le Voironnais (voir analyse plus détaillée).



Les dépôts quaternaires des environs de Voiron
Aperçu général sur les glaciations quaternaires dans les Alpes occidentales françaises
Pour en savoir plus sur les dépôts morainiques et fluviatiles des environs de Voiron et du seuil de Rives, voir les publications n° 42, 44 et surtout163.
visiter aussi le site PARCOURS GÉOLOGIQUES en Bas Dauphiné
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