La Cuche, Ezy, pentes de la Buffe |
Les pentes d'Ezy, qui s'élèvent au nord de Noyarey, sont essentiellement formées par une dalle structurale qui résulte de la dénudation du sommet du Tithonique du flanc oriental de l'anticlinal de Sornin. Les partie occidentale des lacets supérieurs de la route D.74 et les hameaux d'Ezy sont installés sur les premières couches marno-calcaires du Berriasien inférieur. Les pentes boisées situées plus à l'ouest, sous la falaise urgonienne du Pas du Mortier, sont formées par la simple succession stratigraphique des couches du Crétacé inférieur et accidentées par le ressaut de la falaise des calcaires du Fontanil les plus massifs (membre de la Rivoire, voir la page"Noyarey").
Le bedrock disparaît à son tour vers le haut sous un important placage morainique qui garnit jusqu'au col de l'Echalance. Dans les prairies mamelonnées qu'il détermine on voit très bien se dessiner, entre 860 et 910 m d'altitude, deux arcs morainiques emboités allongés NE-SW et à concavité ouverte vers le SE : il s'agit de petits vallums qui ceinturaient, au premier stade de retrait de Würm, une ébauche de lobe latéral qui tendait à se détacher du glacier de l'Isère en s'engageant vers le nord-ouest dans la dépression d'Ezy. Le sommet de la Cuche émergeait alors tout juste des glaces, ainsi que la butte 925 (portant un fort pylone) située plus au sud-ouest.
La lourde échine de la montagne de la Cuche est une sorte de crêt dérivé*, armé par le Tithonique du flanc oriental de l'anticlinal de Sornin. Ses bancs sont tranchés en biais par la trouée de l'Isère, de sorte que leur falaise s'abaisse de plus en plus vite en se rapprochant du fond de la vallée. On remarque en outre que tout le versant, haut pourtant de 800 m, est constitué par les seules couches du Jurassique supérieur calcaire. Cela est dû à la présence de failles compressives qui redoublent la succession des assises : ces failles sont sans doute des satellites du grand chevauchement de Voreppe, comme l'est, sur la rive opposée, le chevauchement de Sautaret (voir la page "Chevalon").
Le revers nord-ouest de l'échine de la Cuche, très boisé n'est formé par la succession du Jurassique supérieur que dans sa partie haute. Plus bas, là où la déclivité s'affaiblit, la faille de Voreppe, qui passe à flanc de montagne, amène ces couches à reposer sur la molasse miocène du synclinal de Voreppe qui garnissent les pentes inférieures de rive droite du ravin de la Voroize.
Les couches qui forment la Cuche se poursuivent
vers l'ouest en continu, sans autre accident tectonique qu'un
basculement progressif de leur pendage vers l'ouest, sous l'effet
du très ample anticlinal de Sornin, jusqu'au grand ravin
de l'Échalance. Dans ces pentes la coupe se complète,
vers le haut, par tous les termes du Berriasien et du Valanginien,
à l'aplomb des falaises urgoniennes de la Buffe.
Dans les pentes de rive droite du ravin de
l'Échalance le chemin qui permet la communication entre
Ezy et Montaud passe au pied d'un petit escarpement où
affleurent les couches de la base du membre calcaire du Peuil
(Berriasien inférieur)avec un pendage ouest de l'ordre
de 25 °. On y observe un pli de taille décamétrique,
mineur mais spectaculaire par sa forme "en oméga".
Ce pli appartient à un dispositif d'expulsion
d'un coin rocheux vers le haut de la pile de strates ("pop-up"
des auteurs anglophones) : l'origine de cette structure peut être
analysée comme suit :
En réponse à des efforts compressifs, orientés
selon le plan de ses couches (efforts qui tendaient donc à
raccourcir le faisceau calcaire), se sont formées deux
failles compressives antithétiques* convergentes. Les couches
se sont tordues en crochons* le long de ces failles. Les deux
compartiments situés de part et d'autre du point de rencontre
des failles s'avançaient à la rencontre l'un de
l'autre et se sont écrasés dans leur secteur d'affrontement,
en expulsant de la matière vers le haut (ainsi que vers
le bas) : c'est ce qui a donné la forme étranglée
du pli.
Les déformations compressives dont résulte le
pli de l'Échalance témoignent d'un raccourcissement
orienté NNW-SSE, plus proche d'E-W que celui, franchement
NE-SW, indiqué par l'orientation du chevauchement de Voreppe.
Le fait qu'on y trouve associées des failles de vergences
opposées, indique d'autre part que le raccourcissement
ne s'est pas produit dans une ambiance de cisaillement tangentiel
accusé mais plutôt par simple écrasement horizontal.
Ces deux aspects laissent à penser que ces cassures ne
sont pas liées au fonctionnement du chevauchement de Voreppe,
ce que suggèrerait a priori le fait que celui-ci
passe quelques centaines de mètres seulement sous cet affleurement.
En fait le fonctionnement de cette association de failles et de
plis semble plutôt s'apparenter à la formation des
plis du Vercors septentrional (plus précisément
du synclinal de l'Achard de l'anticlinal de Combe Noire). En effet,
au niveau de l'Urgonien, ces plis sont aussi presque symétriques,
ont une forme coffrée comparable et se montrent également
associés à des failles disposées de façon
analogue, certaines ayant aussi une vergence est (voir la page
"La Buffe").
On peut donc sans doute considérer le dispositif visible
sur cet affleurement comme un modèle réduit du système
de déformation du Vercors septentrional , tel qu'il a dû
fonctionner avant le jeu de la faille de Voreppe (puisque cette
dernière tranche les plis obliquement à leur axe).
La symétrie des plis et l'orientation "hésitante"
des failles inverses, qui en sont les traits, caractérisent
d'une façon générale, dans une chaîne
dissymétrique, les secteurs "distaux" par rapport
à ceux du maximum de raccourcissement, secteurs où
s'amortissent les effets de cisaillement qui accompagnent ailleurs
ce raccourcissement. Tel est, précisément, bien
le cas ici, puisque ces chaînons du Vercors se situent à
la marge la plus externe de la chaîne alpine.
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