Nom du fichier : http://www.geol-alp.com/h_vercors/lieux_vercors/mont_aiguille.html

Le Mont Aiguille, 2087 m.


Rochers du Parquet, 2004 m ; La Queyrie

Le Mont Aiguille est une typique "butte témoin", isolée du reste de la dalle urgonienne des plateaux orientaux du Vercors par des ravines qui entaillent le rebord subalpin* en rongeant les terrains plus marneux de son substratum.

Le Mont Aiguille
vu du nord depuis le col du Fau

Cet énorme chicot d'Urgonien (plus précisément de "calcaires du Glandasse", d'âge Barrémien inférieur) est posé sur un socle pyramidal d'Hauterivien et de Barrémien inférieur marno-calcaire.
Le ravinement dans ce socle, relativement marneux, de la montagne sape son couronnement calcaire et entraine l'effondrement de tranches successives (la zone de départ d'une tranche récemment éboulée se reconnaît à la teinte plus rose de la roche non patinée.

En contrebas, dépassant à peine au dessus des premiers plans boisés, on distingue quelques pans de falaise de la barre tithonique.


Le rebord oriental des plateaux orientaux du Vercors, qui correspond à cette latitude aux falaises des Rochers du Parquet et, plus au nord à celles du Grand Veymont, n'est déterminé par aucune cassure qui soit parallèle à la direction moyenne, N-S, de sa ligne de falaises.


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La bordure orientale du Vercors à la latitude du Mont Aiguille

Vue d'avion, depuis l'E-SE, à l'aplomb de Clelles
Noter la succession très calme, subhorizontale, des niveaux stratigraphiques, sur les deux côtés du profond redent que dessine le rebord subalpin dans le vallon de La Bâtie.

Par contre l'origine de l'isolement du Mont Aiguille est sans doute à rechercher dans la présence d'une grande faille NE-SW, la faille du Jasneuf (voir la carte structurale et la page "Pas de l'Aiguille"), qui est presque orthogonale à ce rebord oriental du massif. Elle passe en effet au pied de sa face nord et franchit la crête du col de l'Aupet au pied de son éperon ouest (point de départ de la voie normale d'ascension).


version plus grande, sans commentaires, de cette image
La face nord du Mont Aiguille et les Rochers du Parquet
vus du nord depuis le Grand Veymont

f.J = faille du Jasneuf ; f.Q = faille de la Queyrie : la ravine qui aboutit au Pas de Bachassons est creusée dans la bande de Barrémien inférieur qui s'élève jusqu'au col, entre les deux branches de la faille qui encadrent cette navette* de décrochement.

D'autre part le cirque de La Bâtie, qui dessine un fort rentrant vers l'ouest entre le promontoire rocheux du Mont Aiguille et les falaises du Grand Veymont est lui-même délimité du côté nord-ouest par une autre cassure, parallèle et encore plus importante, la faille de la Queyrie.
La présence des deux failles du Jasneuf et de la Queyrie est certainement à l'origine du creusement du deux profonds redents de la Batie et de Blonnière. Mais s'il ont indenté profondément le rebord subalpin ils ne sont toutefois pas parvenus à décapiter totalement le promontoire du Mont Aiguille qui les sépare.

La faille de la Queyrie (appelée "Cléry" sur les cartes anciennes) est un accident important qui mérite que l'on s'apesantisse un peu sur son cas.
Elle doit son nom à la carrière d'exploitation qu'ouvrirent les romains, 1,5 kilomètres au sud-ouest du Pas des Bachassons dans l'Urgonien, brèchifié ici sous l'influence du jeu de la faille.
Au Pas de Bachassons cette cassure détermine un important hiatus dans la barrière urgonienne. Cela vient de ce qu'elle se partage là en deux branches qui encadrent une navette*, large de quelques dizaines de mètres, où sont remontés (à la façon d'un horst*) les calcaires lités, alternés de marnes, du Barrémien inférieur. Cette bande de terrains tendres a été affouillée par l'érosion qui y a creusé la ravine du Pas de Bachassons. Une autre navette très analogue détermine plus au sud-ouest le couloir allongé de la "plaine de la Queyrie".

Vers le nord-est la faille suit le pied des abrupts qui ferment le vallon de La Bâtie du côté nord-ouest, jusqu'au col de l'Allimas. Au delà du col de l'Allimas le prolongement de cette faille passe clairement au pas du Serpaton, où elle décale fortement la barre du Tithonique.
Enfin il est à peu près évident, en dépit du fait que la couverture quaternaire masque une bonne partie de son tracé dans les Terres Noires du sillon subalpin et le Bajocien de la rive gauche du Drac, que cette faille se prolonge bien plus loin au nord-est : elle semble ainsi aller, par le col de la Chal, jusqu'à s'intégrer au faisceau des failles de Vizille (dont elle représenterait l'élément le plus oriental).



version de plus grande taille
Schéma interprétatif des déformations au sud-est et au nord-ouest de Gresse

Ce dessin, simplifié à l'extrème, est destiné à montrer à quoi correspond le changement de pendage entre le Grand Veymont et le Mont Aiguille (le niveau repère représenté est celui du Tithonique et les trois sommets indiqués se situent donc au-dessus) :
- le Grand Veymont appartient au compartiment septentrional de la faille de la Queyrie (f.Q), où il est situé sur le flanc ouest de l'anticlinal de la Moucherolle (a.M)
- le Mont Aiguille appartient au compartiment méridional de la faille du Jasneuf (f.J), compartiment qui n'est presque pas affecté par l'anticlinal de la Moucherolle (fortement amorti à cette latitude) et y est situé dans le synclinal de Gresse (fortement décalé vers l'ouest par les deux décrochements successifs).

Par son orientation N45, par la modicité de son rejet vertical et par la présence de navettes* allongées horizontalement la faille de la Queyrie semble bien être un décrochement comparable à ceux de la famille dextre de la Chartreuse (voir la page "failles de la Chartreuse") . Toutefois il est remarquable que, de part et d'autre du plan de cassure, ila déformation des couches n'est pas identique, ce qui se manifeste notamment par l'effacement de l'anticlinal de la Moucherolle au sud de la faille (ce qui est la cause de la différence de pendage des couches entre le Grand Veymont et le Mont Aiguille).

On est donc conduit à envisager que la faille ait joué lors du plissement, fonctionnant alors comme une déchirure désolidarisant les deux compartiments qu'elle sépare : au sud de Gresse le compartiment méridional s'est déplacé en bloc, presque sans se plisser ; au nord de Gresse au contraire la formation de l'anticlinal de la Moucherolle a partiellement absorbé le déplacement des couches.


Carte géologique très simplifiée des environs de Gresse
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°", par M.Gidon (1977), publication n° 074

Cette carte est imprimable à l'échelle du 1/250.000° : pour cela porter la résolution de 72 dpi à 200 dpi (ou imprimer avec une réduction à 36 %.) Pour imprimer au 1/100.000° porter la résolution à 80 dpi (ou agrandir de 111%)
légende des couleurs

cartes géologiques au 1/50.000° à consulter : feuille La Chapelle en Vercors

La Chapelle en Vercors

Grand Veymont

Baconnet
col de Rousset

LOCALITÉS VOISINES

Clelles

(Romeyer)

Pas de l'Aiguille

Chichilianne
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