L'Étale, Merdassier

L'Étale, 2483 m,
la Pointe de Merdassier, 2413 m.

Ce groupe montagneux de la chaîne des Aravis est le premier que l'on rencontre, au sud du col des Aravis, sur la longue crête qui mène au Charvin.

L'Étale et la Pointe de Merdassier sont deux sommets jumeaux.
L'un et l'autre sont des crêts* d'Urgonien à regard est, flanqués de grandes dalles structurales du côté ouest. Ils se détachent sur la crête parce que l'érosion a dénudé l'Hauterivien de part et d'autre, ainsi que dans l'encoche sans nom ("col de Blonnière", 2337) qui les sépare, mais celà n'est dû qu'aux caprices de l'éventration de la carapace urgonienne et n'a aucune cause tectonique flagrante.

L'Étale et l'extrémité sud du synclinal de Serraval

Vue d'avion, prise du nord, dans l'enfilade de la crête (f.Ét. = faille de L'Étale).
Entre le Charvin et Sulens s'empilent, au coeur du synclinal de Serraval, les nappes ultrahelvétiques et médianes des Préalpes. Leurs deux surfaces de chevauchement sont marquées par une ligne de tirets.
On a également indiqué le tracé grossier du faisceau des failles de l'Arcalod (f.Arc.), qui passe des Bauges au flanc occidental du synclinal de Serraval en traversant la trouée de Faverges. Ce sont ces cassures qui limitent, du côté ouest, la klippe* de Sulens.

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De plus, ces deux sommets se signalent à l'attention par la présence, à proximité du point culminant de chacun d'eux, d'une faille qui traverse la crête presque perpendiculairement. Ces failles jumelles sont, de ce fait, bien visibles en coupe dans les falaises orientales. Ce sont de splendides exemples de failles extensives*, qui sont dotées d'un rejet de plusieurs centaines de mètres (à peu près égal à l'épaisseur de l'Urgonien).
Elles ont un pendage anormalement faible mais l'angle qu'elles font avec les couches est en moyenne de l'ordre de 60 à 70° : cela suggère qu'elles se sont formées alors que les couches étaient presque horizontales et qu'elles ont basculé avec elles lors du plissement du synclinal de Serraval.

En fait ces failles représentent les prolongements les plus septentrionaux du faisceau des failles de l'Arcalod (voir la publication n°181). Le raccord entre ces deux faisceaux de cassures s'incurve pour contourner par le nord la montagne de Sulens, qui est abaissée vers le sud-est par ces cassures.

L'Étale, vue de l'est - nord-est

f.Ét. = faille de L'Étale ; f.Arc. = failles de l'Arcalod.
Le niveau de calcaires blancs isolé dans l'Hauterivien supérieur fournit un excellent repère pour apprécier le rejet de la faille de L'Étale.
La faille de l'Étale est vue presque dans l'azimut de son plan de cassure : on voit que celui-ci est concave vers le haut (c'est donc une faille "listrique"). Ce dessin est sans doute originel et doit correspondre au raccord entre un palier (dans l'Hauterivien) et une rampe (dans l'Urgonien). Il pourrait aussi résulter d'une torsion, par un cisaillement parallèle aux couches, à l'occasion du plissement qui a basculé ensemble, vers la droite, faille et couches ; toutefois le sens de courbure est l'inverse de celui que l'on attendrait en ce cas.
Vu sous cet angle on n'a aucune peine à s'imaginer que la faille de l'Étale puisse se raccorder, vers l'ouest - sud-ouest, aux failles de l'Arcalod, en contournant par la droite la montagne de Sulens.

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Les sommets de Merdassier, vus du nord (photo d'avion)

On a souligné d'un fin tireté la limite Hauterivien-Urgonien.
Sur la "faille de Merdassier", qui passe au col 2166, se branche une cassure qui passe en contrebas du sommet 2313. Elle a un rejet de même sens mais d'amplitude moindre et fait avec elle un angle voisin de 15° : ces caractères sont exactement ceux des failles secondaires, dites "de Riedel"*, formées en même temps que la faille principale.

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