Stratigraphie du Chablais |
Carte et coupe schématiques des massifs externes les plus septentrionaux des Alpes françaises |
Carte géologique d'ensemble du Chablais |
Le massif du Chablais est constitué
de roches totalement différentes
de celles de ses voisins, les massifs subalpins septentrionaux.
Il appartient aux Préalpes,
c'est-à-dire à un ensemble rocheux qui est un corps
étranger par rapport à ces derniers et dont l'origine
est beaucoup plus "interne"*, plus
orientale que le massif du Mont-Blanc. Il s'agit en fait d'une
"klippe",
car le Chablais a été isolé par l'érosion
du reste des Préalpes (qui affleure essentiellement en
Suisse).
Cette klippe a, de plus, été découpée
dans un empilement de nappes
superposées qui recouvrent les prolongement, vers
l'ouest, des couches du massif de Sixt et les dissimulent jusqu'aux
rives du Léman.
Ces nappes sont traditionnellement réparties en trois ensembles qui sont, dans l'ordre de superposition, de haut en bas :
1/ Les nappes supérieures, sont
originaires du domaine
piémontais au sens large ; des plus internes aux plus
externes on y distingue désormais :
- la nappe des Gets (à matériel d'âge
Crétacé, contenant des olistolites de roches vertes,
issues d'un ancien fond océanique),
- la nappe de la Simme (à matériel d'âge
Crétacé, essentiellement schisteux),
- la nappe des Dranses (formée essentiellement de
Flysch à helminthoïdes, d'âge Crétacé),
- la nappe de la Brèche (dont la succession, continue
du Trias au Crétacé supérieur, comporte plusieurs
épais niveaux de brèches dont le matériel
est essentiellement issu du Briançonnais).
2/ Les nappes médianes, qui se
rattachent essentiellement au domaine
briançonnais ; des plus internes aux plus externes
on y distingue
- les médianes rigides, à constitution stratigraphique
de type briançonnais,
- les médianes plastiques, qui se rapprochent plus,
à cet égard, de la zone subbriançonnaise.
3/ Les nappes inférieures, qui constituent l'"ultrahelvétique". La définition de cet ensemble hétéroclite, et la manière dont il s'est mis en place, présentent bien des ambiguités.
En effet il semble
1 - que ses éléments constitutifs ne soient pas
tous de même origine : La plupart seraient originaire du
domaine ultrahelvétique proprement dit, immédiatement
plus interne que celui dit helvétique (= subalpin) ou même
du domaine valaisan. Par contre la nappe du Gurnigel serait d'origine
beaucoup plus interne que les autres, provenant d'un domaine situé
originellement entre celui de la Simme et des Gets
2 - qu'ils ne représentent, pour une bonne part, que des
olistolites*. C'est ainsi que l'ensemble anciennement attribué
aux nappes ultrahelvétiques inférieures est désormais
considéré comme un simple olistostrome d'âge
oligocène ("formation olistolitique" des environs
de Samoëns et d'Arâches).
La carte et la coupe d'ensemble montrent bien, en ce qui concerne la manière dont affleure le matériel rocheux constituant la klippe du Chablais, que l'on peut distinguer deux domaines :
- le Chablais sud-oriental est un secteur où prédominent les affleurements de la nappe de la Brèche à la marge SE de la cuvette synclinale (synclinorium*) qui affecte l'ensemble de la klippe du Chablais et qui représente le prolongement septentrional du grand synclinal de Serraval, orienté NE-SW, dont la formation, tardive, est sans doute liée à la surrection des massifs cristallins externes..
Dans la partie sud-est de ce domaine la nappe de la Brèche dessine le vaste berceau synclinal des Gets, au coeur duquel les nappes supérieures (nappe de le Simme au sens large) affleurent en klippes. Les terrains de ces dernières nappes ne donnent que des reliefs très mous, et sont même évidés en cuvette dans le secteur des Gets. La nappe de la Brèche elle-même donne un relief assez ample, en cuestas* emboitées, découpées en chevrons* par les v topographiques* (environs d'Avoriaz, notamment). Au total ce secteur a un relief confus, d'où ressortent peu de lignes directrices, en dehors de celle du crêt qui ceinture les affleurements de la nappe de la Brèche.
La cuvette synclinale des Gets représente le résultat de la rencontre du grand synclinal de Serraval, NE-SW, avec une ondulation transverse, presque N-S, qui occasionne l'ensellement de tous les plis, à peu près selon l'axe de la vallée de la Dranse de Morzine.
Dans la partie nord-ouest du Chablais sud-oriental, le bord extrème de la nappe de la Brèche est ployée par le repli anticlinal du Roc d'Enfer au coeur duquel percent par place des affleurements des nappe médianes (enveloppés par le "flysch à lentilles"). Le flanc nord de ce pli est sectionné tectoniquement, de sorte que cet anticlinal semble représenter le crochon frontal du chevauchement de la nappe.
D'autre part la partie inférieure de la succession de la nappe s'y résoud en un ensemble de méga-blocs (notamment de matériel triasique), ce qui semble indiquer qu'il s'agit de la bordure occidentale originelle de son domaine de sédimentation (là où les couches s'appuyaient en onlap sur le talus interne du domaine briançonnais, sur la pente duquel dévalait le matériel détritique). La distinction n'est pas facile à faire entre ces mégablocs jurassiques et ceux du "flysch à lentilles" nummulitique, sur lequels le premiers sont souvent posés en recouvrement tectonique.
Au sud-est la nappe est ployée en un synclinal des Gets, largement ouvert, au coeur duquel les nappes de flysch affleurent en klippes. Leurs terrains ne donnent que des reliefs très mous, et sont même évidés en cuvette dans le secteur des Gets. La nappe de la Brèche elle-même donne un relief assez ample, en cuestas* emboitées, découpées en chevrons* par les v topographiques* (environs d'Avoriaz, notamment). Au total ce secteur montre un relief confus d'où ressortent peu de lignes directrices, en dehors de celle du crêt qui ceinture les affleurements de la nappe de la Brèche.
- Dans le Chablais du nord-ouest ce
sont essentiellement les terrains des nappes médianes qui
affleurent en un faisceau de plis allongés presque est-ouest.
Ceci est dû à ce que ce secteur est en marge de la
zone la plus déprimée de la klippe du Chablais et
à ce que, en outre, la nappe de la Brèche n'y est
pas parvenue lors de sa mise en place.
Dans les synclinaux les plus sud-orientaux, les terrains des nappes
médianes sont en outre recouverts par le flysch à
Helminthoïdes de la nappe des Dranses, qui y est conservé,
le plus souvent en accordance, comme s'il représentait
le terme supérieur de la succession stratigraphique.
Le relief, bien réglé par des alignements de barres
calcaires qui correspondent aux flancs des plis, ressemble beaucoup
à celui des massifs subalpins septentrionaux notamment
à celui des Bornes, à ceci près que ce sont
les calcaires massifs du Malm (Jurassique supérieur) qui
jouent le rôle de carapace résistante qui est celui
de l'Urgonien dans le domaine subalpin. On y trouve donc des combes
liasiques ou triasiques, encadrées de crêts de Jurassique
supérieur, eux mêmes délimitant des synclinaux
perchés (Cornettes
de Bise) ou plus souvent des vals. En effet, au coeur des
synclinaux, l'érosion a en général affouillé
assez facilement car ni le flysch à Helminthoïdes,
ni les marno-calcaires du Crétacé supérieur
ne lui offraient une résistance très forte. Les
vals, comme les combes, sont draînés par les cours
des torrents (notamment les deux Dranses), qui sont formés
d'une succession de cluses*, car ils sont, ici aussi, orthogonaux
aux plis.
La géométrie des rapports entre les diverses unités des Préalpes du Chablais conduit à leur envisager une mise en place complexe, s'étalant sur un laps de temps important. Le schéma théorique ci-après (dont le graphisme est géométrisé à l'excès) cherche à résumer le scénario le plus probable des évènements tectoniques successifs.
On notera que l'apparition des surfaces de charriage s'est faite par étapes successives et que l'on a supposé qu'elle s'était faite sous les nappes précédemment détachées et à l'avant de leur front, selon un schéma désormais classique et considéré comme "normal". Quant au moteur et aux modalités du déplacement elles sont différentes selon les étapes considérées (glissement à l'air libre et arrivée dans un bassin sédimentaire, aux étapes 1 et 3 ; rupture et imbrication par failles inverses à longs paliers* dans les étapes 2 a,b,c).
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