chaînon de la Dent de Cons


Dent de Cons, 2064 m, Belle-Étoile, 1800 m ; col de Tamié, 907 m

Le chaînon de la Dent de Cons constitue, à l'extrémité nord-est du massif des Bauges, un promontoire que la cluse d'Ugine contourne par le nord ; il est cependant un peu isolé, par la vallée et le col de Tamié, du reste du massif. L'essentiel de la montagne est surtout formé, notamment sa crête, par le Néocomien argilo-siliceux, dont les couches sont basculées vers l'ouest, en moyenne au delà de la verticale. Elles appartiennent en effet au flanc est du grand synclinal de Tamié, flanc qui se poursuit vers le nord-est, au delà de la cluse d'Ugine, par le chaînon du Charvin (chaîne des Aravis).

Le chaînon Belle-Étoile - Dent de Cons
vu d'avion, du sud-ouest, depuis l'aplomb de Fréterive

La vue est prise presque dans l'axe des plis : on voit que la crête de la Dent de Cons est taillée dans le flanc oriental du synclinal de Tamié, qui est assez nettement renversé vers l'ouest.

s.P = synclinal du Pécloz ; a.O = anticlinal d'Orisan (on ne voit qu'une faible partie des plis parasites* de son flanc ouest, renversé) ; s.T = synclinal de Tamié (charnière principale du synclinorium*).

Le col de Tamié se trouve dans un repli synclinal parasite (s.cT = synclinal du col de Tamié) du flanc "normal" du grand synclinorium de Tamié ; il est séparé de la charnière principale par le repli anticlinal du Fort de Tamié (a.fT).

Tous ces plis s'enfoncent vers le nord (vers l'arrière gauche) vers le coeur du synclinal transverse de Serraval (s.S)


Le prolongement vers le nord du synclinal de Tamié le fait se connecter, aux abords orientaux de Faverges, au grand synclinal de Serraval (cf photo ci-dessus). Toutefois les axes de ces deux plis ne se raccordent qu'obliquement et et la connection se fait au prix .d'un plongement axial vers le nord (qu'accompagne une ouverture progressive de l'angle entre ses flancs) du synclinal de Tamié. Ce dernier ne saurait donc, en aucune manière être considétré comme le prolongement méridional de celui de Serraval, en fait plus récent, qui le traverse en oblique.
Le plongement de l'axe du synclinal de Tamié vient précisément de ce que ce pli s'inscrit désormais au sein du flanc sud-oriental du synclinal de Serraval et de ce qu'il a donc été basculé vers l'ouest ,comme le reste de ce flanc de pli. Le prolongement méridional du synclinal de Serraval passe bien plus à l'ouest que le vallon du col de Tamié, dans les pentes de la Sambuy.

Les couches du flanc ouest du synclinal de Tamié sont affectés de plis de second ordre, disposés selon le schéma de la feuille de chêne*. L'un d'entre eux, l'anticlinal du fort de Tamié est bien visible depuis les pentes qui descendent vers la vallée de l'Isère

Les pentes méridionales du Fort de Tamié
vues du sud, depuis le village de Cessens

s.cT = synclinal du col de Tamié ; a.fT = anticlinal du Fort de Tamié.
Noter la disposition en plis presque couchés et la forme dissymétrique, avec un flanc court du côté ouest, indiquant que c'est de ce côté que l'on doit rencontrer un anticlinal majeur (il s'agit de celui d'Orisan - Chaurionde), tandis que le synclinal majeur se situe du côté est : de fait ce sont là les deux replis du flanc ouest du synclinorium de Tamié qui sont les plus proches de la charnière principale de ce pli, indiqué, pour mémoire, à sa position approximative (s.T) car il passe dans les affleurements à droite du champ du cliché.

Le versant est du chaînon est également accidenté de plis de second ordre, que dessine de façon très spectaculaire le Tithonique, globalement disposé en série renversée, qui arme les deux sommets secondaires du Roc Rouge et de la Pointe de la Sellive. Dans ces derniers l'érosion a respecté des lambeaux résiduels des replis "en feuille de chêne"* qui affectent le flanc oriental du synclinal de Tamié.
Ailleurs le Tithonique de ce flanc de pli a été trop profondément disséqué par l'érosion, qui est allée jusqu'à dénuder les Terres Noires de la charnière du synclinal, pour qu'il subsiste d'autres témoins de ces plis.


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Le versant oriental du chaînon Belle-Étoile - Dent de Cons
vu d'avion, de l'est, depuis l'aplomb d'Albertville

Les pentes de ce chaînon qui tombent en direction d'Albertville sont formées par la succession du flanc oriental du synclinal de Tamié (s.T), qui s'y montre modérément renversée. En effet le Tithonique pend dans l'ensemble conformément à la pente et s'appuie, du côté gauche, contre (et plutôt sur) les couches du Crétacé. Il est découpé en deux forts chevrons, pointant vers le haut des pentes, par une érosion en V topographique qui est sutout le fait des ravins des Héris et du Chiriac.
Sous cet angle, très oblique aux axes de plis (qui plongent vers l'arrière à l'intérieur de la montagne), on distingue mal les replis mineurs (plis parasites*) qui affectent les deux éperons de Tithonique (voir cliché suivant).


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Les pentes orientale de la Belle Étoile
vu du sud, depuis les pentes inférieures de rive gauche de la vallée de l'Isère à proximité de Sainte-Hélène-sur-Isère

Cette vue, prise dans l'enfilade des surfaces de couches, montre avec une grande lisibilité les replis de flanc inverse du Roc Rouge et, en arrière-plan de la Sellive (N.B. l'effet de téléobjectif donne l'impression, inexacte, que ces deux crêtes sont presque sur le même plan).

Les deux flancs du synclinal de Tamié s'avèrent donc affectés, au niveau du Tithonique, de replis de second ordre, ce qui en fait donc un synclinorium. Toutefois ces replis sont beaucoup moins marqués, voir non dessinés dans les couches plus élevées de la succession. C'est ainsi que les couches du Valanginien et de l'Hauterivien de la crête de la montagne ont un pendage peu changeant, proche de 70 à 80° vers l'est.

Vue rapprochée des couches formant la crête de la Belle Étoile, à la Croix de Périllet

Les mentions "haut" et "bas" concernent la disposition de la succession des couches (base à doite, c'est-à-dire couches les plus anciennes du côté est).

La schistosité (s.1), à espacement pluri-centimétrique, est omniprésente et d'une visibilité flagrante.
Elle pend à la fois vers l'est, conformément au fait que l'on est dans;le flanc oriental d'un pli à plan axial penté dans ce sens, et vers le nord (c'est-à-dire vers l'arrière), conformément au fait que l'axe du pli est incliné dans ce sens.

Au contraire les limites de couches (s.0), alternativement plus calcaires et plus marneuses, sont très floues. Les limites de strates sont soulignées par une certaine réfraction de la schistosité, mais celle-ci est peu marquée et courbe, comme normal puisque les changements lithologiques sont modestes et progressifs, d'un banc plus calcaire à un lit plus marneux.


Une impression fallacieuse de plissotement est donnée par le fait que l'on y voit des variations rapides du pendage : celles-ci correspondent en fait à la coexistence du litage stratigraphique, subvertical, et du feuilletage dû à la schistosité, qui est fort développée et pend au contraire faiblement vers l'est (comme il convient dans le flanc oriental d'un pli aussi déversé vers l'ouest).
Cette différence entre la disposition des couches du Tithonique et celles du Crétacé, moins plissotées, est une autre illustration du phénomène de dysharmonie (qu'illustre de façon similaire mais encore mieux visible la structure de la Roche Torse).

Les ravins du versant sud-est de la Belle Étoile, en contrebas du sommet ,
vus du sud, depuis la Croix de Périllet

L'impression de plissotis affectant cette monotone succession de marno-calcaires du Crétacé inférieur, probablement valanginiens, est fallacieuse.

Elle résulte simplement de la coexistence d'une schistosité (s.1), faiblement pentée vers l'est, avec une stratification subverticale (s.0), que l'on ne distingue qu'occasionnellement.

On a délibérément photographié un secteur des pentes où la stratification est particulièrement bien visible, pour montrer, sur une hauteur d'environ 200 m., l'absence presque totale de plissotis et le caractère de simples ondulations peu accusées des rares présents (angle supérieur droit du cliché).


figure agrandissable // version encore plus grande
Coupe des Bauges orientales
seule la partie droite de cette coupe correspond aux photos ci-dessus

NB : anticlinal de Chaurionde = anticlinal d'Orisan

Il est à remarquer que, dans le versant ouest de la Dent de Cons, au nord du village des Combes, le Nummulitique repose directement sur l'Urgonien, voire même sur l'Hauterivien. Cette disposition témoigne de l'arasion anté-Nummulitique d'un relief, qui correspond très vraisemblablement à la voûte de l'anticlinal qui succédait, du côté est, au synclinal de Tamié : cela signifie que ce pli était ébauché avant le Nummulitique, conclusion qui ne fait que rejoindre celle tirée de l'étude des autres plis anticlinaux dont la voûte anté-Nummulitique est conservée (ce qui est d'ailleurs exceptionnel), notamment ceux de la Chartreuse occidentale et du Jura méridional.


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