Challes-les-Eaux - Curienne |
La rive nord-est de la trouée de Chambéry - Montmélian voit s'individualiser, à l'est de Challes-les-Eaux, un groupe de montagnettes qui est séparé du reste du massif des Bauges par les vallées de la Boisserette et de la Leysse. Ces reliefs, plutôt arrondis et preque entièrement formés par le Jurassique supérieur, culminent à la chapelle du Mont-Saint-Michel.
Ces reliefs sont fondamentalement formés par un mont jurassien* qui résulte de la dénudation des calcaires Tithonique, par déblaiement des marno-calcaires berriasiens (qui affleurent plus au nord dans les gorges de la Leysse) : il s'agit donc d'un exemple de relief conforme*. Le Tithonique affleure d'ailleurs largement en dalles structurales à l'est de Barby et surtout dans le versant ouest du Mont-Saint-Michel.
Ce mont s'efface vers le nord, par enfoncement de la voûte du Tithonique sous la vallée de la Leysse, du fait du plongement vers le nord, des axes (N-S) des plis de ce secteur.
Trois plis se succèdent en fait au niveau du Jurassique.
Ce sont d'ouest en est :
- l'anticlinal de la Roche de Barby qui forme l'essentiel
de la montagne au nord de Challes. Il se poursuit très
vraisemblablement vers le sud par l'anticlinal dont la voûte
est crevée pala dépression de Challes - Saint-Jeoire-Prieuré.
- le synclinal de Bellevarde que l'on suit dans les pentes
du versant ouest de la montagne puis, au sud de la Boisseette,
par l'échine du Mont Ronjou et des Tours de Chignin.
- l'anticlinal de la Boisserette éventré
par le cours supérieur de ce torrent et dont le coeur forme,
plus au sud, la combe anticlinale de Chignin.
Au niveau de l'Urgonien ces plis se fondent en un seul bombement
anticlinal très ouvert, qui constitue le Mont Peney (cette
simplification de la structure, du bas vers le haut de la succession,
est un exemple de dysharmonie* de plissement).
Le plongement accentué de ces trois plis N-S résulte
en fait de ce qu'ils sont intersectés transversalement
par le trans-synclinal
des Déserts et de la Doria, dont l'axe, orienté
NE-SW, passe au nord du Peney et vers
Saint-Alban - Leysse.
Au contraire vers le sud la montée axiale fait que, à partir de Saint-Jeoire, les plis du massif de Curienne sont éventrés par l'érosion jusqu'à leur coeur d'Argovien. Au delà ils ne sauraient se poursuivre en Chartreuse, car ils se situent plus à l'est que le synclinal le plus oriental de ce massif.
C'est plutôt dans les collines bordières de Belledonne, au delà de la plaine alluviale du Grésivaudan (aux abords de Goncelin), que l'on peut envisager de trouver leur prolongement (le chevauchement du Margériaz s'y prolonge vraisemblablement par ceux du Saint-Genis).
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de l'extrémité septentrionale de la Chartreuse et de la marge sud-occidentale des Bauges CFB = chevauchement frontal des Bauges ; CM = chevauchement du Montgelas - Margériaz. |
Ces plis sont tranchés par plusieurs cassures NE-SW, dont la plus importante est la faille de Camelot. Celle-ci détermine, à l'est de Challes, le ravin de ce nom et se poursuit en passant peu au nord du chef-lieu de Curienne.
Cette cassure a longtemps été
interprétée comme la surface d'étirement
du flanc oriental d'un pli-faille déversé vers
le SE. Mais elle a un pendage très proche de la verticale
et son orientation est nettement oblique par rapport à
l'azimut de la schistosité (et donc à l'axe des
plis). D'autre part un tel sens de déversement, très
inhabituel dans le massifs subalpins septentrionaux, ne se manifeste
dans aucune des autres structures de ce secteur. Plus au nord, le Tithonique de la voûte de l'anticlinal de La Roche est tranché par la faille de Barby . Cette cassure (non reconnue jusqu'à ce jour) remonte le Tithonique inférieur au niveau du Berriasien dans les pentes dominant le village de Barby : elle a la même orientation que celle de Camelot et représente probablement le prolongement de celle du Pas de la Coche. |
L'établissement thermal de Challes exploite des eaux sulfureuses qui sortent des marno-calcaires argoviens au voisinage du passage de la faille de Camelot : il est donc probable que c'est elle qui est à l'origine du rassemblement de ces eaux et de leur remontée rapide vers la surface depuis une origine profonde (qu'implique leur température).
À l'est de la vallée de la Boisserette le flanc oriental de l'anticlinal de la Boisserette s'enfonce sous le chevauchement du Montgelas, qui fait reposer le Séquanien sur le Berriasien au hameau de ce nom. Bien que le tracé de ce chevauchement se perde, à l'est de Curienne, sous le colmatage alluvial fluviatile et glaciaire de la dépression de Puygros et de Thoiry, il n'y a pas de raisons de douter qu'il représente le prolongement méridional de celui du Margériaz.
En raison de ce colmatage alluvial on est également dans l'incertitude quant à l'emplacement exact où se produit l'entrecroisement du chevauchement du Margériaz et du Montgelas avec la faille de Camelot, dont le tracé se dirige vers Thoiry - Thormenoz.
Au sud de Challes le cours aval du ravin de la Boisserette permet d'observer une coupe naturelle des plis sur cette transversale.
Plus au sud ces plis, sont de plus en plus masqués sous le colmatage alluvial de la trouée de Chambéry - Montmélian. L'échine, coiffée de Séquanien, qui en émerge et qui porte les Tours de Chignin est le dernier témoin du flanc ouest de l'anticlinal de la Boisserette.
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