Chambéry |
La partie centrale de la ville de Chambéry s'est construite dans un couloir à fond plat, orienté NE-SW, au pied sud de la colline de Lémenc (sur laquelle s'appuyait la ville ancienne). Cette colline est un mont dérivé, à voûte de Tithonique, qui constitue un petit chaînon, le plus occidental du massif des Bauges, qui s'élève à l'ouest de la combe monoclinale de Vérel, jusqu'à Pragondran où il se fond dans les pentes occidentales de celui du Nivolet - Revard.
L'anticlinal de Lémenc trouve son prolongement, au sud de la ville, dans l'un des plis de l'extrémité nord de la Chartreuse, l'anticlinal de Montagnole, lui même prolongement septentrional de l'anticlinal de Perquelin.
Cet anticlinal de Perquelin est l'anticlinal le plus oriental
du massif de la Chartreuse. À la latitude de Grenoble,
il est séparé du chevauchement de la Chartreuse
orientale par un succession de trois plis. Ceux-ci sont successivement
coupés en biseau, du sud au nord, par ce chevauchement,
car son tracé est orienté plus NE-SW que l'axe de
ces plis.
À Chambéry même la voûte de l'anticlinal,
large et très ouverte*, se développe complètement.
Plus au nord elle se fait trancher à son tour par le prolongement
du chevauchement de la Chartreuse orientale, que représente
le chevauchement frontal des Bauges. Ce sectionnement était
observable dans l'entrée d'une carrière (maintenant
abandonnée) située 100 m au nord du carrefour coté
363 sur la D211 menant de Chambéry vers Sonnaz : il s'y
manifeste en occasionnant un crochon anticlinal fortement déversé
vers l'ouest, dans les couches du Tithonique.
Plus au nord, seul subsiste de ce pli son flanc oriental, qui
forme une corniche tithonique continue dominant la dépression
qui s'allonge en pied de montagne en direction d'Aix-les-Bains,
dont le remplissage d'alluvions fluvio-glaciaires recouvre les
molasses miocènes du sillon périalpin.
Le couloir qu'occupe le centre-ville tranche
transversalement la voûte de l'anticlinal de Lémenc
: c'est donc une cluse.
Elle a été aménagée au Quaternaire
par le passage des glaces qui diffluaient depuis la vallée
de l'Isère (combe de Savoie et Grésivaudan) et qui
l'ont élargie. Puis, après leur fonte, son fond
a été rempli par un colmatage d'alluvion fluvio-lacustres
marécageuses.
La localisation de cette cluse paraît être en rapport
avec l'ensellement qu'y subit la voûte de l'anticlinal de
Lémenc-Montagnole (il s'agit du trans-synclinal
"de la Doria"), encore que la remontée d'axe
soit très peu marquée au sud de la cluse (en dépit
de la modestie de la déclivité topographique, le
Tithonique disparaît très vite sous le Berriasien
entre Chambéry et Montagnole). Mais le tracé NE-SW de la cluse semble avoir
été déterminé surtout par le passage
d'une cassure, car il correspond très précisément
au prolongement vers le SW du décrochement de la Doria
(on aurait donc pu appeler ce dernier "décrochement
de Chambéry" si ce fait n'avait pas été
méconnu jusqu'à maintenant).
En effet cette faille traverse en biais les basses pentes du Nivolet à l'ouest de Lovettaz et son tracé vient se perdre dans la plaine alluviale à l'est de Chesses (Saint-Alban). Son orientation, NE-SW, la conduit à passer entre les deux bordures rocheuses de la plaine alluviale et à se diriger vers Jacob et Saint-Cassin. Sa poursuite sous la cluse de Chambéry est attestée par le décalage dextre, d'environ 1 kilomètre, qu'y subissent les tracés, N-S, des deux chevauchements qui y aboutissent [à l'est celui de l'anticlinal de Barberaz (= chevauchement de Vérel-Pragondran, anciennement nommé "anticlinal de Raseray"), et à l'ouest celui de la Chartreuse orientale (= chevauchement frontal des Bauges)].
L'interprétation selon laquelle cette cassure aurait joué un rôle directeur lors de l'ouverture de la cluse fournit une explication du fait, bizarre sinon, que cette cluse soit orientée NW-SE, c'est-à-dire à 90° par rapport à l'azimut moyen de la trouée qui fait communiquer la dépression du lac du Bourget avec celle du Grésivaudan (cette trouée décrit ainsi un coude, en baïonnette, à l'emplacement de Chambéry).
La trouée de Chambéry - Montmélian est un large couloir nord-ouest - sud-est qui sépare les Bauges de la Chartreuse, au sud-est de la ville (à partir de La Ravoire et de Saint-Baldoph). Cette dépression est ouverte dans les couches de la limite Crétacé-Jurassique et encombrée d'alluvions fluvio-glaciaires d'âge würmien (qui recouvrent d'ailleurs, au sud, des dépôts quaternaires plus anciens). Ces dépôts y présentent, notamment dans le secteur des Marches et de Myans, un relief de collines allongées NNW-SSE (selon l'axe de la trouée) qui y réflète l'ancienne direction d'écoulement des glaces puis de leurs eaux de fonte.
Les pentes occidentales de la trouée,
de Barberaz à Apremont, appartiennent au flanc ouest du
synclinal chartreux oriental, tandis que son bord oriental, plus
escarpé, tranche successivement, en biais et à angle
aigu, les plis, immédiatement plus orientaux, du massif
de Curienne. Mais son tracé n'a été guidé
par aucune disposition géologique particulière,
car ces plis ne plongent pas vers l'axe du sillon, mais à
l'opposé, vers le nord, et ne sont affectés que
de cassures qui sont fortement transverses à la trouée.
On ne saurait donc parler d'une cluse, au sens exact du mot (bien
que terme lui soit souvent appliqué), car cette trouée
a plutôt la situation, selon les points, d'une combe anticlinale
(à Chignin, à Saint-Jeoire et à Challes)
ou monoclinale, de la Ravoire à Chapareillan.
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(L'Épine) |
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