Le "Front occidental des Bauges"
(chaînon du Revard sensu lato)


Le chaînon Nivolet - Revard - Montagne de Banges est constitué par une épaisse dalle rocheuse, doucement inclinée vers l'est, qui a été porté en relief par le jeu du chevauchement frontal des Bauges. Sa crête (qui n'est souvent qu'un rebord de plateau) domine du côté ouest la vaste dépression synclinale composite de Rumilly et du Lac du Bourget, à laquelle se réduit, à cette latitude, le sillon molassique périalpin*.

Le déplacement vers l'ouest du massif des Bauges, qui résulte de ce chevauchement, a soulevé de près de 3000 m des roches relativement anciennes, telles que celles du Jurassique supérieur (Tithonique sensu lato), en les poussant par dessus celles, bien plus récentes, de l'Oligocène et du Miocène du bord oriental du sillon molassique périalpin.



figure agrandissable version plus grande, muette, de cette image

Le rebord ouest des Bauges, au nord de Chambéry
vu de l'ouest, depuis les pentes de la chaîne de L'Épine, sous Saint-Sulpice.

La disposition apparemment très régulière des couches, doucement inclinées vers le sud est due au fait que cette coupe naturelle est presque parallèle à l'axe des plis et dénote simplement le plongement de ceux-ci vers le sud.
On a indiqué par des tirets rouges les limites des formations que l'on peut distinguer, à cette distance, dans la succession du Crétacé inférieur.
L'effilement, de la droite vers la gauche, de la barre urgonienne du Nivolet, puis des niveaux sous-jacents, résulte du sectionnement uniforme des couches par une ancienne surface d'aplanissement (s.apl.) qui a créé le plateau du Nivolet - Revard.
La plaine alluviale récente de la Leysse (La-Motte-Servolex) est entaillée dans des alluvions fluvio-glaciaires (würmiennes) dont la surface, presque plane, forme une banquette. Il en émerge, près de Voglans, une voûte anticlinale que la A43 recoupe en tranchée : c'est vraisemblablement le prolongement de l'anticlinal de la Chartreuse médiane (ou un pli analogue, qui le relaie).

ØB = chevauchement frontal des Bauges (= chevauchement de la Chartreuse occidentale) : son tracé disparaît vers la droite parce qu'il y est masqué derrière la banquette alluviale de Chambéry-le-Haut ; ØB = chevauchement de Saint-Offenge (il disparaît vers la droite en s'amortissant dans la barre tithonique) ; ØV = chevauchement de Vérel - Pragondran (il disparaît vers la gauche en s'amortissant dans les marno-calcaires berriasiens) ; a.L = anticlinal de Lémenc (sa voûte est tranchée par l'érosion, mais aussi par le chevauchement frontal des Bauges, au nord du sommet des Monts (Croix de Saint-Concors) ; d.D = décrochement de la Doria.


Au sud du Mont Revard le versant ouest du chaînon montre une belle coupe naturelle, par la tranche, de la pile de roches de la série stratigraphique jurassico - crétacée des Bauges.

La succession stratigraphique du Berriasien-Valanginien s'y caractérise, comme dans le nord de la Chartreuse au Joigny et, plus au sud, dans les chaînons de la Chartreuse médiane et occidentale, par l'absence des marnes de Narbonne et par l'invasion vers le bas du faciès des calcaires du Fontanil, qui y forment plusieurs barres rocheuses étagées dans la pente (la succession y ressemble finalement beaucoup à celle de la coupe du Fontanil).
Cette succession est assez différente de celle qui s'observe dans la plus grande partie de la Chartreuse orientale, qui comporte des calcaires du Fontanil beaucoup moins puissants, reposant sur des marnes de Narbonne, en dépit du fait que le chaînon du Nivolet - Revard s'y rattache au point de vue tectonique. Le passage à une succession de ce dernier type, tel qu'il s'observe en Chartreuse entre le Joigny et le col du Granier, se fait ici dans les pentes méridionales du Peney (mais ce changement est largement masqué par la couverture superficielle quaternaire).

Cette entaille d'érosion du "front" des Bauges révèle quelques détails structuraux qui sont indiqués sur la photo ci-dessus (il faut noter que l'orientation N-S de cette coupe lui fait couper en long biseau des structures qui sont à peine plus orientées vers le NE).
Deux de ces détails sont plus spécialement notables :

1- Les différents terrains de la succession stratigraphique du chaînon Nivolet-Revard sont tranchés de plus en plus bas, de la droite vers la gauche, par la surface d'érosion aplanie qui forme, sur le revers est de la montagne, le plateau du Revard et de la Féclaz. Un effet remarquable de cet aplanissement est que l'Urgonien ne forme là aucun crêt, comme s'il n'avait pas été plus résistant que les autres roches.
Cette surface s'est sans doute formée lors d'un épisode très ancien de sculpture du relief, où l'érosion n'agissait pas par le creusement de vallées mais par ablation uniforme sur de vastes surfaces. Des exemples similaires de restes (plus modestes) de surfaces d'aplanissement sont aussi connus en Chartreuse.
2 - Le chevauchement de Vérel - Pragondran est une faille inverse qui se développe, au niveau du Jurassique supérieur et du Berriasien, dans le flanc est de l'anticlinal de Montagnole (au sens large). Il doit s'amortir par glissements couches sur couches dans les termes plus élevés du Berriasien car on ne le voit pas se poursuivre dans ces couches au nord de Vérel. (il n'est cependant pas exclu que ce soit lui qui réapparaisse au niveau du Revard et qu'il corresponde donc au chevauchement de Saint-Offenge).



version plus grande, sans commentaires géologiques, de cette image

Le rebord "frontal" des Bauges, dominant la dépression du lac du Bourget
vu du nord-ouest, depuis l'abbaye d'Hautecombe

ØB = chevauchement frontal des Bauges. M = Miocène et Oligocène du sillon molassique.
L'anticlinal du Corsuet est un chaînon jurassien dont la voûte urgonienne s'enfonce vers le sud sous les molasses miocènes des environs d'Aix-les-Bains

Au nord du Mont Revard la limite entre les Bauges et le sillon molassique périalpin* subit une nette inflexion vers le NE avant de reprendre une direction (N10 à N20), plus conforme à celle habituelle pour les axes des plis, dans le chaînon du Semnoz.

D'autre part un second chevauchement prend naissance sous le Revard et y occasionne un redoublement de la falaise des calcaires du Fontanil. Ce chevauchement se poursuit en s'amplifiant vers le nord, de sorte qu'il fait reposer le Tithonique sur la molasse miocène à Saint-Offenge. On le suit vers le nord jusqu'en rive sud de la cluse de Banges (où le chevauchement frontal des Bauges, masqué entre la vallée du Sierroz et celle du Chéran, réapparaît au Pont de l'Abîme).



version plus grande, sans commentaires géologiques, de cette image

La partie septentrionale du chaînon du Revard, vue de la Dent du Chat.

aS = anticlinal du Semnoz ; aR = anticlinal du Revard ; ØA = chevauchement de Saint-Offenge ; ØB = chevauchement frontal des Bauges ; dM = décrochement de Montagny.
(en arrière-plan le Mont-Blanc)



Pour mémoriser la page ou son adresse demander l'ouverture dans une nouvelle fenêtre du cadre qui la contient.

Corsuet

Semnoz

Plainpalais
Aix-les -bains

LOCALITÉS VOISINES

Margériaz

Chambéry

Nivolet

Peney
N.B. Les liens entre parenthèses sont des raccourcis qui font perdre la barre de boutons

 accueil section Bauges

début de la page

sommaire de GEOL_ALP

Aller à la page d'accueil du site