Croise Baulet, 2236 ; pentes à l'ouest de Sallanches

Ce sommet est situé sur la ligne de partage des eaux entre bassins de l'Arve et de l'Arly, à quelque distance du revers oriental de la chaîne des Aravis. Très visité, notamment au départ de Megève, il offre un très large panorama, particulièrement splendide en direction des Aravis et de la chaîne du Mont-Blanc.


version plus grande de cette image

Le versant sud-est de la montagne de Croise Baulet
vue du sud, depuis la Tête de Ramadieu.

On a souligné quelques surfaces de strates (s0) pour mettre en évidence le fait que les couches du Bajocien sont pratiquement horizontales, en dehors de la bande plissée qui traverse le versant à l'altitude de 2000-2050 (et d'une autre, située entre 1650 et 1700, hors des limites du cliché, du côté gauche). ØCB = tracé vraisemblable du chevauchement de Croise Baulet (la bande de Terres Noires chevauchée se termine en sifflet vers l'est).

Sur son versant méridional cette montagne est entièrement formée par une épaisse série d'alternances de marnes et de calcaires argileux noirs du Bajocien. Cette succession est agrémentée de replis souples, très déversés (pratiquement couchés) vers l'ouest, qui formant des bandes plissées disposées presque horizontalement, très peu obliquement aux plans axiaux de leurs plis (qui sont à peine plus inclinés).

Détails de la bande plissée qui passe à l'altitude de 2000-2050 dans le versant sud de Croise Baulet
vue du sud, depuis la Tête de Ramadieu

C'est à l'une de ces bandes plissées que devait appartenir le beau synclinal couché du sommet de la montagne, qui est bien visible à l'antécime nord (2216).

Détail du synclinal couché du sommet de Croise Baulet
vu du sud - sud-ouest, depuis le point culminant (2236).

Une telle géométrie est très typique des plis créés par le cisaillement* d'une pile de strates par le jeu de glissements suivant les surfaces de couches. Elle évoque beaucoup celle que l'on observe dans le chaînon du Mont Joly, en rive opposée de la dépression de Megève.

Toutefois cette belle simplicité se révèle illusoire dès lors que l'on examine le versant occidental de la montagne car on y voit, au niveau de la cabane de Petit Pâtre, une bande de Terres Noires s'intercaler, en déterminant un talus intermédiaire, entre les couches bajociennes du chapeau sommital et celles du soubassement du plateau des Bénés. Ce redoublement est dû à une faille plate que l'on peut appeler chevauchement de Croise Baulet.

Le versant est de Croise Baulet
vu du nord-est, depuis l'échine des Bénés. version plus grande, muette, de cette image
Le chevauchement de Croise Baulet (ØCB) est largement masqué sous les éboulis qui descendent de la crête sommitale.
Vue agrandie de la charnière synclinale couchée du sommet de Croise Baulet

Ce chevauchement de Croise Baulet se poursuit en fait plus à l'ouest (et plus haut dans la succession des couches), au delà du col de Niard, où on la voit couper et redoubler le Tithonique de la Miaz.

On l'observe également plus au nord, à la Croix du Planet où on le voit sectionner les couches tordues en crochon qui forment le chapeau sommital de cette butte.

Le versant méridional de la Croix du Planet
se profilant devant la rive droite de la vallée de l'Arve, vu du sud-ouest, depuis les abords de la cabane de Petit Pâtre

La cartographie géologique des pentes qui s'abaissent jusqu'à la vallée de l'Arve (mais qui sont trop couvertes de végétation pour montrer clairement, à distance, la disposition de leurs couches) révèle à deux niveaux des dispositions similaires, les Terres Noires s'engageant (d'ouest en est) sous du Bajocien qui avance en chevauchement vers l'ouest. Il est évidentque ces chevauchements sont à connecter avec ceux que l'on voit en rive opposée de l'Arve, où leur disposition imbriquée se distingue aisément.
Cela se produit d'abord en rive droite du torrent de Coeur, à mi-hauteur des pentes occidentales de la Croix de Tête Noire et la surface de chevauchement qui passe là se raccorde plus à l'ouest à celle des Quatre-Têtes, pour former encore plus à l'ouest le chevauchement d'Areu. Cet accident correspond au chevauchement de Vange de la rive droite de l'Arve.
Cette disposition se reproduit encore plus bas, dans les pentes inférieures du versant, au nord-ouest de Sallanches mais il semble là qu'elle soit due à des plis couchés, sans rupture par faille. Il s'agit sans conteste du prolongement des plis d'Arpenaz

Les pentes de rive gauche de l'Arve, à la hauteur de Sallanches
vues du nord-est, depuis la pointe d'Arbaron (Flaine) ; version plus grande, muette, de cette image
ØCB = chevauchement de Croise Baulet ; ØA = chevauchement d'Areu ; a.A = anticlinal d'Arpenaz ; s.A = synclinal d'Arpenaz.

NB Les tirets de raccord entre surfaces de cassure indiqués sur la carte géologique au 1/50.000°, feuille Cluses sont largement erronés. On trouvera donc, ci-après, un schéma cartographique interprétatif, conforme à l'interprétation proposée ici.

En fait il paraît hautement probable que ce style tectonique, qui consiste en bandes plissées alternant avec des surfaces de chevauchement plates, est également celui qui régit largement, plus à l'est et plus bas dans la succession stratigraphique, la structure du Mont-Joly. C'est lui aussi que l'on retrouve, à des variantes près, dans le massif de Sixt.
Cette déformation par cisaillement de la pile de couches est certainement à mettre en liaison avec le déplacement vers l'ouest de la nappe de Morcles (dont le massif des Aravis constitue clairement le prolongement méridional), par le jeu d'un glissement tangentiel à la surface du socle cristallin du massif des Aiguilles Rouges.


Détails structuraux de la montagne de Croise Baulet

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Paccaly

Quatre Têtes

(Platé)
Grande Balmaz LOCALITÉS VOISINES (Saint-Gervais)

Étale

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(Megève)
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