Ce sommet est situé sur la ligne de partage des eaux entre bassins de l'Arve et de l'Arly, à quelque distance du revers oriental de la chaîne des Aravis. Très visité, notamment au départ de Megève, il offre un très large panorama, particulièrement splendide en direction des Aravis et de la chaîne du Mont-Blanc.
Sur son versant méridional cette montagne est entièrement formée par une épaisse série d'alternances de marnes et de calcaires argileux noirs du Bajocien. Cette succession est agrémentée de replis souples, très déversés (pratiquement couchés) vers l'ouest, qui formant des bandes plissées disposées presque horizontalement, très peu obliquement aux plans axiaux de leurs plis (qui sont à peine plus inclinés).
C'est à l'une de ces bandes plissées que devait appartenir le beau synclinal couché du sommet de la montagne, qui est bien visible à l'antécime nord (2216).
Une telle géométrie est très typique des plis créés par le cisaillement* d'une pile de strates par le jeu de glissements suivant les surfaces de couches. Elle évoque beaucoup celle que l'on observe dans le chaînon du Mont Joly, en rive opposée de la dépression de Megève.
Toutefois cette belle simplicité se révèle illusoire dès lors que l'on examine le versant occidental de la montagne car on y voit, au niveau de la cabane de Petit Pâtre, une bande de Terres Noires s'intercaler, en déterminant un talus intermédiaire, entre les couches bajociennes du chapeau sommital et celles du soubassement du plateau des Bénés. Ce redoublement est dû à une faille plate que l'on peut appeler chevauchement de Croise Baulet.
Ce chevauchement de Croise Baulet se poursuit en fait plus à l'ouest (et plus haut dans la succession des couches), au delà du col de Niard, où on la voit couper et redoubler le Tithonique de la Miaz.
On l'observe également plus au nord, à la Croix du Planet où on le voit sectionner les couches tordues en crochon qui forment le chapeau sommital de cette butte.
La cartographie géologique des pentes
qui s'abaissent jusqu'à la vallée de l'Arve (mais
qui sont trop couvertes de végétation pour montrer
clairement, à distance, la disposition de leurs couches)
révèle à deux niveaux des dispositions similaires,
les Terres Noires s'engageant (d'ouest en est) sous du Bajocien
qui avance en chevauchement vers l'ouest. Il est évidentque
ces chevauchements sont à connecter avec ceux que l'on
voit en rive
opposée de l'Arve, où leur disposition imbriquée
se distingue aisément.
Cela se produit d'abord en rive droite du torrent de Coeur, à
mi-hauteur des pentes occidentales de la Croix de Tête Noire
et la surface de chevauchement qui passe là se raccorde
plus à l'ouest à celle des Quatre-Têtes,
pour former encore plus à l'ouest le chevauchement
d'Areu. Cet accident correspond au chevauchement de Vange
de la rive droite de l'Arve.
Cette disposition se reproduit encore plus bas, dans les pentes
inférieures du versant, au nord-ouest de Sallanches mais
il semble là qu'elle soit due à des plis couchés,
sans rupture par faille. Il s'agit sans conteste du prolongement
des plis d'Arpenaz
En fait il paraît hautement probable
que ce style tectonique, qui consiste en bandes plissées
alternant avec des surfaces de chevauchement plates, est également
celui qui régit largement, plus à l'est et plus
bas dans la succession stratigraphique, la structure du Mont-Joly.
C'est lui aussi que l'on retrouve, à des variantes près,
dans le massif
de Sixt.
Cette déformation par cisaillement de la pile de couches
est certainement à mettre en liaison avec le déplacement
vers l'ouest de la nappe de Morcles (dont le massif des Aravis
constitue clairement le prolongement méridional), par le
jeu d'un glissement tangentiel à la surface du socle cristallin
du massif des Aiguilles Rouges.
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